Un patient victime de crise cardiaque ou d’AVC sur 5 souffre aussi de dépression. Cette étude présentée à la Réunion annuelle de l'American Heart Association (AHA) souligne non seulement l’association fréquente entre l’événement cardiovasculaire, infarctus du myocarde et accident vasculaire cérébral, et dépression, mais sensibilise aussi à l’impact de la dépression sur la récupération. Ces travaux appellent ainsi à une meilleure détection et surveillance des symptômes dépressifs chez les patients souffrant de maladies cardiovasculaires.
Ce n’est pas la première étude à insister sur les effets négatifs de la dépression, a fortiori lorsqu'elle est non diagnostiquée, chez les patients victimes de troubles ou d’événements cardiovasculaires. Au-delà de l’impact pour le patient, cette association entraîne une utilisation accrue des ressources de santé et des dépenses plus élevées.
Environ 20% des patients atteints de maladies cardiovasculaires souffrent de dépression : ce premier rappel, appelle aussi à « savoir ce qui vient en premier, la dépression ou les maladies cardiovasculaires », soulignent les chercheurs du Baptist Health South Florida qui regroupe 8 établissements de santé en Floride. « Il existe un consensus sur le fait que la dépression est un marqueur de risque de maladie cardiovasculaire, ce qui signifie qu’un patient atteint de maladie cardiovasculaire présente un risque plus élevé de dépression », explique l’auteur principal, le Dr Victor Okunrintemi.
- Dans une première étude, l’équipe évalue l'expérience des patients, les dépenses de santé et l'utilisation des ressources chez un groupe de participants adultes atteints de maladies cardiovasculaires et répartis en 2 groupes : les patients ayant reçu un diagnostic de dépression, et les patients non dépressifs. L’analyse révèle que les patients atteints ou à risque élevé de dépression,
- ont des dépenses de santé bien supérieures à celles de patients à faible risque ;
- ont un risque plus que multiplié par d’hospitalisation et de consultation aux Urgences ;
- ont un risque multiplié par 5 d’autres mauvais résultats de santé ;
- ont un risque multiplié par 4 d’insatisfaction sur leurs soins de santé ;
- ont une qualité de vie nettement moins élevée.
Les auteurs précisent que les patients encore non diagnostiqués mais à risque très élevés de dépression sont ceux qui obtiennent les plus mauvais scores à tous ces items, et cela probablement parce que leur dépression n’a pas encore été prise en charge.
- Une deuxième analyse qui a comparé l'utilisation des ressources et les dépenses des patients atteints de crise cardiaque avec et sans dépression, constate que les patients atteints de crise cardiaque et dépressifs, sont
- 54% plus susceptibles d'être hospitalisés ;
- 43% plus susceptibles de venir consulter aux Urgences.
- Ils dépensent environ 3.500 € de plus, chaque année, en dépenses de santé, vs les patients cardiaques non dépressifs.
- Enfin, une troisième étude menée chez 1.600 patients victimes d'AVC, montre que ceux diagnostiqués avec une dépression sont plus susceptibles (+56%) de déclins fonctionnels et de forte réduction de qualité de vie plusieurs mois après leur AVC.
Alors que la dépression et les antécédents de crise cardiaque ou d’AVC coexistent fréquemment, les auteurs recommandent un dépistage plus sérieux de la dépression lors des visites de suivi, pour ces patients à antécédents cardiovasculaires sévères.
Source: American Heart Association (AHA) Meeting April 07, 2018 Depression negatively impacts heart and stroke patients
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