Une molécule, testée par ces scientifiques de l’Emory Health Sciences (Atlanta) montre une efficacité sur les symptômes de blocage de la communication sociale et de l’inflexibilité cognitive, typiques de l’X fragile, une cause héréditaire de l'autisme. La recherche menée chez la souris et présentée dans la revue Neuropsychopharmacology suggère ainsi qu'une stratégie pharmacologique, sur ce principe, pourrait contribuer à atténuer certains de ces déficits comportementaux (et cellulaires).
Ces résultats, également présentés à la conférence NFXF International Fragile X de Cincinnati, ouvrent ainsi l’espoir de nouveaux traitements pour cette forme sévère de l’autisme. Car le syndrome de l’X fragile touche environ 1 homme sur 3.000 et 1 femme sur 6.000, les femmes présentant souvent des symptômes plus légers. Les enfants affectés présentent une déficience intellectuelle et un retard sur des étapes importantes du développement, telles que la parole. Le syndrome du X fragile comprend des caractéristiques semblables à celles de l'autisme, telles que l'altération des aptitudes sociales, l'aversion au regard / l'anxiété sociale, l'hyperactivité et les comportements répétitifs.
On sait que chez les patients « X fragile », le gène FMR1, présent sur le chromosome X, est complètement désactivé, ce qui prive le cerveau d'une protéine clé, FMRP qui régule des signaux électriques dans le cerveau. Cette anomalie entraîne un grand nombre de symptômes comportementaux, neurologiques et physiques. L’étude montre qu’un composé, nommé « GSK6A » est administré à des souris dépourvues du gène Fmr1, donc modèles du syndrome de l'X fragile, il permet d’atténer certains des comportements symptomatiques associés au trouble, comme les interactions sociales altérées et l’inflexibilité cognitive. Dans cette expérience dans laquelle les souris ont été traitées pendant 10 jours, le composé a permis :
- d’améliorer les scores des souris aux test xde flexibilité cognitive et d'interaction sociale ;
- de normaliser la densité des épines dendritiques dans l'hippocampe, les structures synaptiques qui sont surabondantes en l'absence de FMRP (ce qui est le cas dans les modèles murins mais aussi chez les humains atteints).
C’est donc l’espoir d’une stratégie viable pour gérer les troubles cognitifs et comportementaux dans le syndrome de l'X fragile, mais qui devra être testée par des essais cliniques. Le principe d’action du composé GSK6A est d’inhiber une forme particulière d'une enzyme de signalisation cellulaire, la forme « p110β » de PI3 ou phosphoinositide-3 kinase. Un inhibiteur de p110β étroitement apparenté fait actuellement déjà l'objet d'essais cliniques pour le traitement du cancer.
Les inhibiteurs de p110β prometteurs dans le traitement du syndrome du X fragile ? Pas seulement, ils pourraient également être précieux dans la gestion d'autres sous-types de troubles du spectre autistique (TSA) caractérisés par des altérations similaires de cette voie biologique, explique le Dr Gary Bassell de l’Emory University School of Medicine. Alors qu’à l'heure actuelle, aucun traitement efficace éprouvé n'est disponible pour le syndrome de l'X fragile, p110β apparait comme une cible prometteuse car directement régulée par le gène FMRP, et suractivé à la fois dans les modèles X fragile de souris et les lignées cellulaires de patients atteints.
Ces études, prometteuses chez la souris, n’ont porté que sur un traitement à court terme (une ou deux injections). Des études à long terme chez les animaux seront donc nécessaires pour s'assurer de l’innocuité du traitement, avant de pouvoir passer aux essais cliniques chez les humains.
NB : GlaxoSmithKline a fourni le composé GSK6A utilisé dans l'étude.
Source: Neuropsychopharmacology 13 July 2018 Isoform-selective phosphoinositide 3-kinase inhibition ameliorates a broad range of fragile X syndrome-associated deficits in a mouse model
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