Serait-il possible de régler le « compteur » de la motivation avec de simples médicaments ? Si l’on connait déjà le rôle clé de la dopamine dans la motivation et plus largement l’excitation des neurones, ces travaux, présentés à la Conférence 2018 de la Society for Neuroscience (Sa Diego) nous présentent 2 médicaments innovants capables de stimuler la motivation. Ici, chez le rat.
L’étude menée par une équipe de l’Université du Connecticut (UConn) l’est, en effet chez des rats apathiques et qui « manquent de punch ». En fait les chercheurs ont pu reproduire chez l’animal une sorte d’apathie. Ils rappellent combien l’apathie peut éliminer toute qualité et joie de vivre avec ses symptômes de fatigue, d’indifférence et de vide émotionnel. Les personnes souffrant d'apathie ont du mal à faire des efforts et la leur sembler extrêmement difficile. Enfin, il est vrai que l'apathie et le manque de motivation sont difficiles à traiter et ne le sont pas par les médicaments qui soulagent d'autres symptômes de la dépression.
Les chercheurs de UConn documentent 2 candidats capables de stimuler la motivation de rats souffrant d'apathie et de manque de motivation, induits ici avec un médicament qui réduit les signaux de dopamine dans le cerveau. La dopamine affectant l'humeur, la motivation et les mouvements. Certains médicaments utilisés pour traiter les troubles du mouvement vont limiter la quantité de dopamine disponible pour remplir les synapses du cerveau (Voir visuel du bas, avec dopamine représentée par les petits ronds bleus), ce qui apaise les mouvements spasmodiques, mais peut également provoquer l'apathie, la fatigue et un goût à l’effort réduit. Les chercheurs montrent que :
- les rats ayant reçu ce médicament inhibiteur de signaux de dopamine sont en effet bien moins susceptibles de faire des efforts pour se procurer leurs aliments favoris ;
- mais s’ils reçoivent l'un des candidats médicaments, ils retrouvent la motivation nécessaire.
En fait, ces 2 candidats stimulent la formation de dopamine dans la synapse : Ils le font en inhibant la protéine qui élimine normalement la dopamine. D'autres drogues, telles que la cocaïne et les amphétamines, fonctionnent de manière similaire, mais leur effet est beaucoup plus rapide et plus « extrême ». Au contraire, ces candidats génèrent une augmentation lente, longue et progressive de la dopamine plus adaptée à une stratégie thérapeutique.
L'un des nouveaux médicaments a été mis au point par la société pharmaceutique britannique Chronos Therapeutics, l’autre par un chimiste allemand, Gert Lubec, des universités de Vienne et de Salzbourg.
La prochaine étape de la recherche consistera à tester d’autres médicaments et à déterminer celui qui fonctionne le mieux pour atténuer l'apathie et la fatigue et sans effet de dépendance.
Source: Society for Neuroscience Conference (San Diego) Nov. 5, 2017 Moving the Motivation Meter (Visuel Courtesy of John Salamone/UConn Illustration)
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