« L’absence de traitement efficace pour la maladie d’Alzheimer est alarmant », écrivent ces chercheurs de l’Université de l'État d'Arizona, qui révèlent l’espoir associé à la choline, un nutriment important prometteur dans la lutte contre les troubles de la mémoire. Ces travaux menés chez la souris modèle d’Alzheimer, présentant des symptômes-like montrent avec l’administration de choline, une amélioration significative de la mémoire spatiale. Une amélioration, qui, de plus, perdure à la seconde génération… Des conclusions présentées dans la revue Molecular Psychiatry qui laissent espérer l’efficacité d’un traitement simple et sûr pour l'une des affections « les plus dévastatrices et les plus déconcertantes ».
La maladie d'Alzheimer commence à se développer dans le cerveau des décennies avant l'apparition des premiers symptômes cliniques. Une fois diagnostiquée, la maladie est toujours fatale et bloque les systèmes vitaux les uns après les autres. Le déclin mental est implacable, les patients présentant une gamme de symptômes pouvant inclure confusion, désorientation, délire, perte de mémoire, agressivité, agitation et perte progressive du contrôle moteur. Cependant, il n’existe à ce jour aucun médicament efficace contre la maladie. Si rien n’était fait, d’ici le milieu du siècle, 13,5 millions de personnes pourraient être atteintes de manière incurable, entraînant des dépenses de santé dépassant les 20.000 milliards de dollars pour les 40 prochaines années. La mise au point de traitements efficaces fondés sur une compréhension plus approfondie de la maladie est l’un des défis prioritaires mais les plus complexes à relever en Santé publique.
Rappelons, dans le même sens, cet effet identifié associé aux anticholinergiques, qui s'opposent à l'action du neurotransmetteur acétylcholine. Le rôle de l'acétylcholine étant essentiel dans les systèmes nerveux central et périphérique, car il permet la transmission du flux nerveux entre les neurones et donc à la base des fonctions cognitives affectées lors du développement de la maladie d'Alzheimer. En France, plus de 300 médicaments présentent un effet anticholinergique. Bref, ces anticholinergiques pourraient, à niveau élevé et pris à long terme, accroître le risque de développer une démence.
Ici, l’étude menée sur des souris présentant des symptômes analogues à ceux de la maladie d'Alzheimer montre en effet que lorsque ces souris reçoivent « tout simplement » une alimentation riche en choline, leur progéniture montre une amélioration de la mémoire spatiale par rapport à celles recevant un régime normal. Et ces effets bénéfiques de la supplémentation en choline semblent être transgénérationnels, protégeant non seulement les souris recevant la supplémentation (pendant la gestation) mais également leur progéniture qui n’a reçu aucune supplémentation directe en choline. Ce qui suggère que la choline entraine de modifications épigénétiques transgénérationnelles.
La choline protège le cerveau de la maladie d'Alzheimer d'au moins deux manières, expliquent les chercheurs :
- la choline réduit les niveaux d'homocystéine, un acide aminé pouvant agir comme une neurotoxine puissante, contribuant aux caractéristiques de la maladie dont la neurodégénérescence et la formation de plaques amyloïdes. On a vu que l'homocystéine double le risque de développer la maladie d'Alzheimer et se trouve à des niveaux élevés chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. La choline effectue une transformation chimique, convertissant l'homocystéine nocive en méthionine utile.
- la supplémentation en choline réduit l'activation de la microglie soit l’ensemble des cellules responsables de l'élimination des débris dans le cerveau. Alors que leurs fonctions d’entretien sont essentielles à la santé du cerveau, les microglies trop activées peuvent devenir incontrôlables, comme elles le font habituellement dans la maladie d’. La suractivation de la microglie provoque une inflammation du cerveau et peut conduire à la mort neuronale. La supplémentation en choline réduit cette activation excessive de la microglie, offrant une protection supplémentaire contre les ravages de la maladie.
Et si on essayait la voie de l'alimentation ? Faute de traitement, ou pas, pourquoi ne pas suivre la voie thérapeutique de l’alimentation ou supplémentation ? De nombreuses études montrent en effet, dans d’autres domaines, de effets transgénérationnels, les effets de privations alimentaires subies par les mères sur leurs descendances, ou, a contrario, les bénéfices eux-aussi transmissibles de régimes alimentaires sains (méditerranéen, omega-3, anti-oxydants des fruits et légumes etc…) contre des maladies telles que le cancer et la maladie d'Alzheimer.
La choline vs Alzheimer ? La choline est un nutriment essentiel semblable à une vitamine, naturellement présent dans certains aliments et également disponible en tant que complément alimentaire. C'est une source de groupes méthyle nécessaires à de nombreuses étapes du métabolisme. Toutes les cellules végétales et animales ont besoin de choline pour maintenir leur intégrité structurelle. La choline est utilisée par le corps pour produire de l'acétylcholine, ce neurotransmetteur essentiel aux fonctions du cerveau et du système nerveux, notamment la mémoire, le contrôle musculaire et l'humeur. La choline joue également un rôle essentiel dans la régulation de l'expression des gènes. Enfin, il est connu depuis longtemps que la choline est particulièrement importante dans le développement précoce du cerveau. Il est ainsi conseillé aux femmes enceintes de maintenir un taux de choline de 550 mg par jour pour la santé de leur fœtus en développement. Pourtant, 90% des femmes ne répondent pas à cette exigence, alors que ces mêmes déficits en choline sont associés à des anomalies du fœtus en développement.
La choline ouvre a minima la voie à la piste « nutritionnelle » contre l’Alzheimer : Ici, l’étude montre, certes chez la souris, que la supplémentation en choline apporte à leur progéniture des améliorations significatives de la mémoire spatiale, via des altérations épigénétiques induites dûment constatées via l’analyse de tissu de l'hippocampe, une zone du cerveau impliquée dans la formation de la mémoire. Les gènes modifiés, associés à l'activation microgliale et à l'inflammation cérébrale, ainsi que les niveaux réduits d'homocystéine semblent permettre cette amélioration des performances observées lors des tâches de mémoire spatiale. Enfin, ce sont ces modifications épigénétiques induites par la choline qui permettent la répercussion de ces améliorations chez la progéniture des souris.
La supplémentation en nutriments essentiels à l’origine de mécanismes épigénétiques bénéfiques pourrait donc permettre de lutter contre la maladie d’Alzheimer. La choline apparait ici comme un candidat intéressant mais ce n’est peut-être pas le seul.
Quoiqu’il en soit, la choline ouvre la voie à la thérapie nutritionnelle, avec de surcroît des répercussions transgénérationnelles.
Source: Molecular Psychiatry 08 January 2019 Maternal choline supplementation ameliorates Alzheimer’s disease pathology by reducing brain homocysteine levels across multiple generations
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