C’est du moins la conclusion de cette étude de psychologues de l'Université Columbia qui tente d’identifier les causes de ce type de délire, un des symptômes les plus courants de la psychose. L’étude publiée dans la revue Brain, qui montre chez les patients psychotiques, des anomalies d’inférences soit une incapacité à raisonner logiquement à partir de données objectives, va contribuer à de meilleurs traitements, dont la stimulation des zones cérébrales concernées.
On estime qu'entre 80 et 90% des personnes atteintes de schizophrénie et d'autres troubles psychotiques ont des bouffées délirantes, des croyances fausses, mais fermement exprimées, qui peuvent être pénibles et débilitantes. Les chercheurs pensent depuis longtemps que ces délires sont causés par des altérations de la capacité à tirer des conclusions à partir de preuves observables et objectives et une tendance à « se forger » des croyances tenaces. « Les expériences déjà menées pour comprendre le lien entre inférence (processus logique) et délires se sont plutôt concentrées sur les compétences cognitives et décisionnelles, mais elles n'ont pas démontré de manière concluante le lien entre ces anomalies d'inférences et la sévérité des délires », explique l’auteur principal, le Dr Guillermo Horga, professeur de psychiatrie au Collège de Vagelos de l'Université Columbia. Son équipe a donc développé une nouvelle expérience.
L’étude est menée auprès de 26 adultes atteints de schizophrénie, dont 12 traités par antipsychotiques, et 25 personnes en bonne santé (témoins), invités à piocher des billes dans l'un de 2 pots opaques, soit à deviner le contenu du pot. Les participants ont reçu de l'argent, qui peut être utilisé pour parier sur le contenu du pot. Piocher des boules supplémentaires les aiderait à miser correctement, mais cela diminuerait leurs gains. Durant cette expérience complexe, les chercheurs constatent que les patients aux idées délirantes les plus sévères ont tendance à rechercher plus d'informations avant de miser, c’est-à-dire à piocher plus de billes et à dépenser plus pour savoir, vs leurs homologues moins délirants. Les chercheurs en déduisent que la rigidité intellectuelle est une composante importante de l'esprit délirant.
Ces patients présentent des croyances « collantes » qui n’évoluent que de manière inhabituellement lente, écrivent les chercheurs dans leur communiqué.
Une rigidité cognitive qui appelle à tester de nouvelles thérapies, telles que la neurostimulation des zones du cerveau préfrontal impliquées dans la mise à jour des croyances, ou un entraînement cognitif pour rétablir le raisonnement logique (inférences) et gommer ces croyances tenaces.
Source : Brain 21 March, 2019 DOI : 10.1093/brain/awz051 A distinct inferential mechanism for delusions in schizophrenia
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