En identifiant de nouveaux biomarqueurs associés au « chemobrain » et en permettant ainsi de détecter les patients les plus vulnérable à cet effet secondaire et indésirable, cette équipe de la National University of Singapore ouvre la possibilité de mieux prendre en charge cette forme de déficience cognitive associée au cancer. Un effet aujourd’hui mieux reconnu comme une véritable complication de la maladie et de son traitement, car elle peut affecter négativement la vie quotidienne des patients et des survivants du cancer. Ces conclusions présentées dans la revue Parmacotherapy vont élargir l’accès à des interventions permettant d’atténuer ces complications et de préserver la qualité de vie chez les survivants du cancer.
Le chemobrain « peut être à la fois subtil et persistant », écrivent les chercheurs dans leur communiqué. Il peut en effet s’agir de difficultés liées à la mémoire et à l’attention, même des mois après la fin du traitement ou encore d’une perte plus sévère de capacités fonctionnelles au moment où les patients tentent de reprendre le cours normal de leur vie. Il est donc essentiel que les patients présentant un risque plus élevé de développer ces symptômes puissent être identifiés de manière précoce.
Plus de DHEAS, moins de chemobrain : l’équipe dirigée par le professeur associé Alexandre Chan du département de pharmacie de l'Université nationale de Singapour (NUS) a analysé les niveaux de biomarqueurs en relation avec le chemobrain, afin de mieux en comprendre la cause. Elle constate que des concentrations plasmatiques de déshydroépiandrostérone (DHEA) et de sa forme sulfatée (DHEAS) sont des déterminants biologiques du chemobrain. Ces neurostéroïdes contribuent à réguler le développement du cerveau et s’avèrent ici en corrélation avec la fonction cognitive et l'apparition du chemobrain. Pour cette analyse, les chercheurs ont recruté 81 patientes atteintes d'un cancer du sein au stade précoce et n'ayant subi aucune exposition préalable à une chimiothérapie ou à une radiothérapie, et devant recevoir un traitement de chimiothérapie. Pour évaluer l'étendue du chemobrain, les patientes ont passé des tests d’évaluation de la fonction cognitive avant, pendant et après la chimiothérapie. Les échantillons de plasma prélevés avant la chimiothérapie ont été quantifiés pour les niveaux de DHEAS. L’analyse constate que :
- les patientes atteintes d'un cancer du sein au stade précoce et présentant des taux plasmatiques de DHEAS plus élevés avant la chimiothérapie présentent un risque moins élevé de développer un chemobrain, en particulier dans les domaines spécifiques de la fluidité verbale et de l'acuité mentale.
L’objectif est de pouvoir proposer de manière plus ciblée et plus précoce de meilleures interventions thérapeutiques, par supplémentation par exemple, pour atténuer les complications postérieures au traitement et aider ainsi les patients à reprendre leurs activités normales et retrouver une qualité de vie.
Source: Pharmacotherapy 20 March 2019 DOI : 10.1002/phar.2259 Prechemotherapy Levels of Plasma Dehydroepiandrosterone and Its Sulfated Form as Predictors of Cancer‐Related Cognitive Impairment in Patients with Breast Cancer Receiving Chemotherapy
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