La science peut-elle mesurer la sagesse et ses effets ? De plus en plus de preuves suggèrent que la sagesse est un concept complexe qui contribue à la santé mentale et au bonheur, selon cet article publié dans la Harvard Review of Psychiatry, qui formalise différents aspects de la sagesse en les corrélant à des zones spécifiques du cerveau et dans certains cas à des interventions comportementales. Ces experts de l’Institut de Recherche sur le vieillissement de l’Université de Californie à San Diego écrivent : « La sagesse a des implications importantes tant au niveau individuel que sociétal, et justifie des recherches plus poussées en tant que contributeur majeur à la prospérité humaine ».
L’article apporte un aperçu de la littérature sur la sagesse en termes de définitions et de mesures, de bases neurobiologiques possibles et de valeur évolutive, ainsi que sur les changements qui interviennent avec le vieillissement et certaines interventions cliniques qui peuvent aussi améliorer ses composantes. Les auteurs tentent de définir la sagesse à travers l’examen de la littérature ancienne et moderne, de la « localiser » dans le cerveau et, finalement de mieux définir l’impact de la sagesse sur nos vies et notre évolution.
Qu'est-ce que la sagesse ?
Si au fil des ans, plusieurs approches pour mesurer la sagesse ont été proposées, si chacune a ses limites, en s'appuyant ici sur un examen approfondi des écrits anciens à la littérature plus moderne, les auteurs proposent de définir la sagesse comme « comme un trait humain complexe comportant en effet plusieurs composantes spécifiques : la prise de décision sociale, la régulation des émotions, les comportements prosociaux, la capacité d’« autoréflexion », l’acceptation de l'incertitude, l’esprit de décision et la spiritualité ».
Une base neurobiologique sous-jacente suggère également d’analyser la sagesse comme une super-fonction cognitive ayant des implications objectives sur notre santé et notre vie. Les auteurs proposent ici un modèle neurobiologique de la sagesse, principalement localisé dans 2 zones du cerveau : le cortex préfrontal et le striatum limbique.
La sagesse est liée à une meilleure santé globale, au bien-être, au bonheur, à la satisfaction de la vie et à la résilience, rappellent les auteurs, études à l’appui.
La sagesse augmente avec l'âge, favorisant ainsi le rôle des grands-parents dans la promotion de l'espèce humaine. Ainsi, l’analyse montre qu’en dépit de la perte de leur fertilité et de la dégradation progressive de la santé physique, les personnes âgées contribuent au bien-être, à la santé, à la longévité et à la fertilité de leurs enfants, via la sagesse. « Ce renforcement de la sagesse à un âge avancé peut même conférer un avantage évolutif ».
La sagesse peut-elle être développée ? Les effets positifs de la sagesse sur la santé et le bien-être soulèvent la question et si la recherche sur le sujet reste limitée, il n’est pas exclu que des interventions psychosociales (voire biologiques) visant à améliorer la fonction des zones cérébrales impliquées puissent conduire à une sagesse accrue. Déjà, les chercheurs appellent à mettre davantage l'accent sur la promotion de la sagesse par le biais de nos systèmes éducatifs. De tels efforts pourraient avoir des avantages importants, une sagesse accrue conduisant à une amélioration de la santé et du bien-être tant au niveau sociétal qu’individuel.
Il est nécessaire d'élargir la recherche empirique sur la sagesse, compte tenu de son potentiel immense mais largement inexploité d'amélioration de la santé mentale des individus et de promotion du bien-être de la société en général, concluent les auteurs.
Source: Harvard Review of Psychiatry May, 2019 DOI: 10.1097/HRP.0000000000000205 The Emerging Empirical Science of Wisdom
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