Vous avez la voix cassée ? C’est peut-être le stress (ou le tabac ?) suggèrent ces chercheurs de l’Université de Missouri-Columbia. Le stress peut en effet être à l'origine de problèmes vocaux et ces travaux, présentés dans la revue Brain Imaging and Behavior nous en disent plus sur la relation entre le stress et les troubles de la voix tels que la dysphonie liée à une tension musculaire.
Tout part de la La glossophobie, ou peur de parler en public. Une telle anxiété peut avoir un impact sur le contrôle de la voix, provoquer un balbutiement ou le sentiment d’avoir « une grenouille dans la gorge » ou la voix cassée. Cette équipe montre que ces troublent vocaux ne s’expliquent pas uniquement par un simple sentiment de nervosité mais que l'activation du cerveau induite par le stress est également en cause. Les connaissances sur les réseaux cérébraux qui sous-tendent la vocalisation et la voix de personnes en bonne santé essentielles pour comprendre et pouvoir traiter les troubles de la voix. Ici, l’équipe cherche à déterminer l’effet du stress social sur le contrôle neuronal de la production de la parole.
Le stress altère le contrôle cérébral de la production de la parole
L’étude par IRMf est menée auprès de 13 femmes en bonne santé invitées à préparer un discours impromptu de 5 minutes sur les raisons pour lesquelles elles étaient les meilleures candidates pour un emploi. Le test de préparation de cette présentation constituait un facteur de stress, l’intervention des participantes également, alors qu’elles ont été invitées à lire des phrases mais pas à prononcer leur discours. Les chercheurs ont prélevé des échantillons de salive pour évaluer les niveaux de cortisol salivaire (la principale hormone du stress), à des intervalles précédant le stress et jusqu'à environ 50 minutes après. Au cours de l'étude, une série de questions a également été posée aux participantes afin d’évaluer leur état émotionnel. Tout au long de l'expérience, les participantes étaient « sous IRM » afin d’étudier les activations cérébrales et leur impact sur la parole.
Des différences d'activation cérébrale induite par le stress en relation avec la parole : l’expérience montre en effet que les réponses plus élevées au cortisol sont associées à une activité cérébrale ayant un impact sur la zone contrôlant le larynx dans le cerveau ;
- ainsi, l’exposition à des facteurs de stress entraîne une activation maximale du caudé droit, avec des désactivations concomitantes d’autres zones cérébrales dont l’insula, le putamen et le thalamus ;
- des différences individuelles dans les activations cérébrales induites par les facteurs de stress sont constatées et apparaissent liées à la réactivité au stress, une réponse accrue du cortisol étant, encore une fois, liée à une activité plus faible du cortex moteur laryngé et à des scores plus bas sur l'extraversion.
Par le biais d'interactions limbique-motrices, le stress altère le contrôle de la production de la parole. Des résultats cohérents avec ceux de précédents travaux cités par les auteurs (Théorie des troubles de la voix Trait – Roy et Bless, 2000) qui contribuent à expliquer certains troubles de la voix dont la dysphonie primaire liée à la tension musculaire. L’auteur principal, Maria Dietrich, professeur agrégée en sciences de la parole, du langage et de l'audition à la MU School of Health est l’une des expertes à avoir découvert que les activations cérébrales induites par le stress pouvaient entraîner des troubles de la voix.
« On pense que le stress peut déclencher des changements physiologiques, tels que la tension musculaire avec des conséquences sur notre langage. Des activations cérébrales influent également sur notre voix. Et les personnes les plus introverties sont les plus susceptibles à répondre au stress par une déficience du contrôle vocal ».
Source : Brain Imaging and Behavior 02 May 2019 Limbic and cortical control of phonation for speech in response to a public speech preparation stressor
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