Certes, c’est une étude sur l’animal, mais elle suggère qu’une sorte de thérapie génique au cerveau serait efficace pour traiter l’excès d’alcool, la toxicomanie et certaines maladies mentales. Ici, les souris se sont bien arrêtées de boire, après que leurs neurones aient été soumis à la lumière de l’optogénétique, une technique qui associe optique et génétique. Ces travaux présentés dans la revue Frontiers in Neuroscience ouvrent également une nouvelle voie de thérapie génique pour de nombreux troubles neurologiques.
Le Dr Caroline E. Bass, professeur adjoint de pharmacologie et de toxicologie à l'École de Médecine de l'Université de Buffalo vient bien de trouver le moyen, chez les rongeurs, de modifier leur comportement face à l'alcool, à l'aide de l'optogénétique, une technique émergente qui utilise la lumière pour stimuler les neurones. Ces travaux qui contribuent à expliquer la base neurochimique de la toxicomanie, suggèrent une toute nouvelle méthode pour traiter l'alcoolisme mais également d'autres troubles mentaux.
Car l'étude démontre un lien de causalité entre la libération de dopamine dans le cerveau et le comportements des animaux face à l'alcool en cartographiant les circuits neuronaux responsables de l'excès d'alcool, équivalant, chez les humains, au binge drinking. En stimulant certaines neurones dopaminergiques, les chercheurs obtiennent en effet des niveaux de libération de dopamine faibles mais durables qui peuvent prévenir cette propension à l'excès d'alcool. Et de manière prolongée, car la séance d'optogénétique achevée, les rats continuent d'éviter l'alcool. Il est connu que certaines zones du cerveau s'activent, chez une personne alcoolodépendante, lorsqu'elle boit ou est confrontée à une vision d'alcool, mais ces changements dans l'activité cérébrale n'avaient pas jusque-là été corrélés directement au comportement de la personne, face l'alcool.
Optogénétique + vecteurs viraux : Contrairement à la stimulation cérébrale profonde par micro-courant électrique, l'optogénétique cible spécifiquement un seul type de neurones à la fois. Les chercheurs ont utilisé un virus pour introduire un gène codant pour une protéine sensible à la lumière dans le cerveau des animaux. Cette protéine était diffusée par le vecteur viral uniquement dans une sous-population spécifique de neurones dopaminergiques dans le système de récompense du cerveau. Une technique, soit dit en passant, intéressante aussi pour le recours à la thérapie génique dans le cerveau.
Une base pour la thérapie génique, dans de nombreux troubles neurologiques : Ici, les chercheurs ont pu identifier les voies neuronales affectées impliquées dans l'excès d'alcool mais aussi dans de nombreux troubles neurologiques. « En ciblant la voie nigro, une voie touchée dans la maladie de Parkinson et en y infusant un vecteur viral, on pourrait cibler les gènes impliqués dans la maladie de Parkinson », explique le chercheur. En infusant le virus dans d'autres zones du cerveau, on pourrait délivrer des gènes thérapeutiques pour traiter d'autres maladies neurologiques et mentales comme la schizophrénie et la dépression ».
Source: Frontiers in Neuroscience
2013 26 November doi: 10.3389/fnbeh.2013.00173 Optogenetic stimulation of VTA dopamine neurons reveals that tonic but not phasic patterns of dopamine transmission reduce ethanol self-administration
2013 Sept doi: 10.3389/fpsyg.2013.00610 Optogenetics as a neuromodulation tool in cognitive neuroscience
2010 DOI: 10.1111/j.1471-4159.2010.06850 Optogenetic control of striatal dopamine release in rats
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