Pour ceux qui souffrent de dépression ou d'anxiété, la consommation de cannabis n’apporte pas forcément un soulagement à long terme, préviennent ces psychologues de l’Université du Colorado. Selon cette étude qui a cherché à clarifier la façon dont une consommation chronique et importante de cannabis affecte l'activité neurologique, dont le traitement des émotions, les anxieux le deviennent encore plus, et les dépressifs dépriment encore plus. Des conclusions présentées dans la revue Peer J qui font dire aux auteurs que ces usagers à troubles psychologiques, « en utilisant du cannabis comme automédication, ne font pas ce qu'ils pensent faire ».
Il faut rappeler que l'étude se déroule au Colorado, un Etat où la consommation récréative de cannabis est aujourd'hui légale. Les chercheurs ont renseigné par questionnaire les données de consommation et les symptômes de troubles psychologiques chez 178 participants, étudiants et utilisateurs de cannabis. Les chercheurs ont cherché à établir des corrélations entre les symptômes dépressifs ou anxieux et la consommation de cannabis. Ils constatent que les participants diagnostiqués avec une dépression clinique et qui déclarent une consommation de cannabis dans l'objectif de traiter leurs symptômes dépressifs, obtiennent un score inférieur sur leurs symptômes d'anxiété que sur leurs symptômes dépressifs, ce qui signifie qu'ils étaient effectivement plus déprimés qu'anxieux. Quant aux participants souffrant d'anxiété et qui consomment du cannabis, c'est le contraire, ils s'avèrent plus anxieux encore qu'ils ne l'étaient.
L'idée reçue que le cannabis soulage l'anxiété n'est donc pas confirmée par cette recherche. Les chercheurs soulignent que certains utilisateurs consommaient du cannabis sous des formes plus concentrées, comme l'huile par exemple ou par ingestion, ou encore des cannabis à haute teneur (80 à 90%) en tétrahydracannabinol (THC) et que les réactions à ces concentrations sont encore peu documentées. Bref, leur analyse ne conclut pas que le cannabis provoque la dépression ou l'anxiété, mais suggère que le cannabis ne soulage pas ces conditions. De précédentes recherches ont d'ailleurs conclu que sa consommation chronique réduit les endocannabinoïdes naturels dans le cerveau, qui sont connus pour jouer un rôle dans la régulation de l'humeur et de la mémoire.
Les chercheurs conseillent donc la prudence au moins dans cet usage « d'automédication » contre l'anxiété et la dépression. « Il est important de ne pas diaboliser le cannabis, mais aussi de ne pas le glorifier ! ».
December 8, 2016 DOI: 10.7717/peerj.2782 The relationship between cannabis use and measures of anxiety and depression in a sample of college campus cannabis users and non-users post state legalization in Colorado
Plus de 100 études sur le Cannabis
Lire aussi : CANNABIS: Consommation trop précoce et risque de Q.I. réduit ! –