Il faut prendre en charge le corps et l'esprit, pourrait être la conclusion de cette étude de l’Université norvégienne des Sciences et de la Technologie. Alors que les adolescents ayant des problèmes psychiatriques sont également susceptibles de souffrir de douleur chronique, cette étude s’est penchée sur la nature de la douleur physique associée, chez l’adolescent, à différents problèmes de santé mentale. Ses conclusions rappellent a minima aux professionnels qui travaillent avec les jeunes, comme les médecins psychologues, l’importance de la douleur chronique associée aux difficultés mentales.
Le Pr P Marit Sæbø Indredavik et son équipe ont renseigné par questionnaire, les caractéristiques (intensité, type, site) de la douleur physique ressentie par 566 adolescents âgés de 13 à 18 ans, atteints de troubles de la santé mentale, allant du TDAH (trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité) à la dépression, aux troubles anxieux, troubles du comportement alimentaire (TCA) ou troubles du spectre autistiques.
· Le premier résultat est que 70,4 % des adolescents souffrant de troubles psychiatriques, déclarent souffrir de douleur chronique.
· Ce taux monte à 80% chez les adolescents ayant des symptômes de dépression, troubles de l'humeur ou troubles anxieux,
· 37,3 % des adolescents souffrant de troubles psychiatriques éprouvent une douleur chronique « multisite » dans trois sites ou plus,
· les douleurs musculo-squelettiques chroniques sont les plus fréquentes, avec une prévalence de 57,7%,
· 22,2% des adolescents souffrent d'incapacité liée à la douleur.
· Mais le résultat le plus marquant est une prévalence plus élevée de la douleur chronique chez les filles, et quel que soit leur diagnostic de santé mentale. Ainsi, les filles rapportent une fréquence plus élevée de la douleur chronique et une douleur plus multisite que les garçons.
Des taux très élevés, qui confirment le lien fort entre douleur physique et troubles psychiatriques, deux types d'affections qui ne peuvent donc, précisent les auteurs, être traités séparément. Pour traiter l'anxiété, il faut traiter la douleur physique et vice versa, sous peine de ne pas restaurer la qualité de vie. Le traitement de ces troubles doit être efficace à l'adolescence, pour éviter leur poursuite à l'âge adulte.
Enfin, ces résultats soulignent l'importance de la détection précoce de la douleur chronique chez les adolescents souffrant de troubles psychiatriques.
Source: BMC Psychiatry doi:10.1186/1471-244X-13-272 Chronic pain and pain-related disability across psychiatric disorders in a clinical adolescent sample
Lire aussi: SOCIÉTÉ: Un adolescent en bonne santé est un ado heureux –