La prévalence des troubles neurodéveloppementaux tels que le trouble du spectre autistique (TSA) et le trouble du déficit de l'attention et l'hyperactivité (TDAH) a considérablement augmenté au cours des dernières décennies et la seule amélioration des diagnostics ne permet pas de l’expliquer complètement. Cette étude de l’Université de Tohoku revient sur le risque accru de troubles du comportement chez les enfants de pères âgés, et donc sur l’existence de risques génétiques spécifiques, liés à l’âge du père pouvant affecter la prochaine génération. Des données présentées dans la revue PLoS ONE, qui confirment les conclusions de précédentes études, et contribuent à expliquer une partie de la hausse de prévalence des troubles du TSA et du TDAH.
Ces troubles neuro-développementaux sont caractérisés par une étiologie complexe, qui implique de multiples gènes et des interactions gène-environnement. Certains gènes qui contrôlent les propriétés spécifiques du développement neuronal et jouent un rôle central dans l'apparition et la sévérité de ces troubles du développement neurologique ont déjà été identifiés. L'âge avancé du père paternel a également été documenté un facteur possible de risque de TSA et de TDAH. Ici, les chercheurs font la démonstration, chez l'animal, de l'impact du vieillissement paternel sur l'apparition d'anomalies comportementales.
Les chercheurs ont effectué des analyses comportementales complètes chez la souris issue de souris mâles jeunes ou âgées, dont des mâles génétiquement modifiés avec mutation du gène Pax6, un gène aux fonctions de régulation du développement neurologique. Dans les expériences, afin de minimiser l'influence physique du père, les scientifiques ont isolé la souris mâle et utilisé la fécondation in vitro pour féconder la femelle.
L'expérience montre que :
– Si aucune modification du poids corporel n'a été observée dans les différents groupes de descendances, nées de père jeune ou âgé,
– il existe des différences importantes dans l'expression vocale et les niveaux d'hyperactivité entre les différents groupes :
– la progéniture de souris mâles trop jeunes présente une communication vocale altérée,
– la progéniture de souris mâles « trop » âgées, une hyperactivité (hyperlocomotion),
– des phénotypes d'anxiété sont observés chez les descendances de pères âgés par rapport à celles nées de mâles plus jeunes.
– aucune différence significative n'est constatée, en revanche, dans le comportement social.
Ces résultats indiquent que les souris ayant un seul facteur de risque génétique peuvent développer différents phénotypes en fonction de l'âge paternel. Ces travaux en synthèse font ainsi la démonstration, chez l'animal de l'influence de l'âge des mâles sur le comportement de la progéniture.
Plusieurs études avaient déjà documenté le risque plus élevé pour l'enfant, avec un âge paternel avancé, d'autisme et de trouble de l'attention avec hyperactivité, mais aussi de trouble bipolaire, schizophrénie, tentatives de suicide, toxicomanie, faibles résultats scolaires et plus faibles scores de QI, bref de morbidité psychiatrique…
Paternal Aging Affects Behavior in Pax6 Mutant Mice: A Gene/Environment Interaction in Understanding Neurodevelopmental Disorders
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