Il existe un intérêt croissant pour la manipulation de la sensibilité à l'insuline et de la signalisation de l'IGF (insulin growth factor) dans le cerveau pour contrer le déclin cognitif et la démence. Ces travaux d’une équipe du Brigham and Women's Hospital (Boston) suggèrent que la manipulation des voies de signalisation de l'IGF via une protéine de liaison au facteur de croissance (IGFBP-2), pourrait être une cible thérapeutique prometteuse pour la prévention de la démence. Des résultats publiés dans les Annals of Clinical and Translational Neurology qui désignent cette protéine IGFBP-2 à la fois comme un marqueur de démence et une cible thérapeutique, avec l’espoir dans un premier temps d’un test sanguin prédictif de la maladie.
Car chez des adultes en bonne santé cognitive, des concentrations plasmatiques élevées d'IGFBP-2 sont également associées à un risque accru de démence ou de maladie d'Alzheimer. Et, pouvoir identifier les personnes les plus à risque de développer une démence, ou la maladie d'Alzheimer, est essentiel pour le développement de nouveaux traitements et d’interventions visant à ralentir ou à inverser les symptômes cognitifs.
Cette protéine semble à la fois un biomarqueur prédictif et une cible thérapeutique prometteuse
Analyser le plasma plutôt que le LCR : les biomarqueurs reconnus du liquide céphalorachidien (LCR) nécessitent une ponction lombaire alors qu’un biomarqueur plasmatique peut être très facilement identifié à partir d’un échantillon de sang, dont le prélèvement est simple et peu invasif.
Les chercheurs du BWH ont mesuré chez 1.596 participants de la Framingham Offspring cohort, à 53% des femmes, âgés en moyenne de 68 ans, les taux circulants de protéine 2 de liaison aux facteurs de croissance analogues à l'insuline (IGFBP-2). Leur analyse confirme que :
- les taux élevés d'IGFBP-2 circulants sont bien associés à un risque accru de démence et de maladie d'Alzheimer ;
- lorsque ces taux circulants sont pris en compte dans un modèle de facteurs de risque traditionnels de démence, IGFBP-2 permet d’améliorer considérablement la stratification des risques de démence, ce qui suggère que IGFBP-2 pourrait être un biomarqueur sensible de prédiction du risque. Ici, 32% des personnes atteintes de démence ont été, avec prise en compte de ce nouveau critère, correctement affectées à un risque plus élevé, tandis que 8% des personnes non atteintes de démence ont été correctement affectés à un risque prévu inférieur.
L'identification de biomarqueurs « du plasma » pour la démence constitue un progrès considérable dans la capacité de prédiction du risque de démence et du pronostic cognitif, explique le Dr Emer McGrath, co-auteur auteur et neurologue au BWH : « De nouveaux biomarqueurs peuvent également nous révéler des voies biologiques complexes sous-jacentes au développement de la démence, aider à définir plus précisément les sous-groupes de démence et améliorer la méthodologie des futurs essais cliniques. »
Dysfonctionnement métabolique, résistance à l'insuline et développement de la démence : cet axe de recherche est de plus en plus étudié : on sait aujourd’hui que le système de signalisation du facteur de croissance de type insuline (IGF) joue un rôle clé dans la neuro-régénérescence, la survie neuronale et la prolifération. On suspecte que l'IGFBP-2 altère la signalisation de l'IGF, inhibant ainsi la neuroprotection et la prolifération neuronale.
L’équipe souhaite maintenant regarder une éventuelle association entre les niveaux d'IGFBP-2 et de protéines toxiques, dont Tau dans le liquide céphalo-rachidien et les résultats cognitifs des patients.
Source : Annals of Clinical and Translational Neurology Sept 19 DOI: 10.1002/acn3.50854 Circulating IGFBP-2: a novel biomarker for incident dementia
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