Plus de 40 millions d'enfants sont atteints d’obésité, et c’est aussi le cas de plus de 650 millions d'adultes dans le monde. La découverte de cette « protéine de l’obésité » va permettre de développer de meilleurs traitements, soutient, dans la revue Science, cette équipe de l’Université de Californie du Sud. Elle rappelle que l’obésité déjà documentée comme responsable de nombreuses comorbidités est aussi un facteur majeur de sévérité de la pneumonie COVID-19. Une fois décrypté ce récepteur cellulaire étroitement lié à l’obésité, il devient en effet possible -du moins sur le papier- de mieux contrôler les dérives du métabolisme humain.
Ici, les scientifiques se concentrent sur une protéine du cerveau, le récepteur de la mélanocortine 4 (ou MC4R) qui contribue à réguler l'équilibre énergétique du corps en contrôlant la prise alimentaire et la quantité d'énergie stockée sous forme de graisse. Les mutations du gène qui code pour la protéine MC4R sont déjà documentées comme liées à l'obésité infantile sévère et à d'autres formes d’obésité.
Quand des facteurs génétiques expliquent le trouble du comportement alimentaire
Alors que beaucoup pensent que l'obésité est liée à un mode de vie, il existe dans de nombreux cas des facteurs génétiques qui privent le sujet du contrôle de son alimentation. C'est ce récepteur-même, celui qui cause ce problème dans le cerveau qui vient d’être décrypté par l’équipe californienne. L’auteur principal, Raymond Stevens, professeur à l'USC et son équipe se sont intéressés au récepteur MC4R dans le cadre d’une recherche plus vaste portant sur les récepteurs couplés aux protéines G qui contrôlent de nombreuses fonctions chez l’Homme. Lorsque les chercheurs « se sont penchés » sur MC4R, avec l’aide de l'expert mondial Roger Cone de l'Université du Michigan, ils sont parvenus à identifier la structure de la protéine et à documenter son rôle clé dans le développement de certaines formes d’obésité.
Or il existe déjà des médicaments qui ciblent les récepteurs de la mélanocortine chez l’Homme. Le setmelanotide cible déjà MC4R dans le traitement des formes rares d'obésité, mais sans être suffisamment puissant pour traiter les formes plus courantes d’obésité alimentaire. En précisant la structure de MC4R, les scientifiques ont décrypté ses interactions avec d'autres molécules médicamenteuses et commencé à tester de nouvelles thérapies ciblées sur l'obésité.
En conclusion, la découverte du fonctionnement de ce récepteur clé dans le métabolisme humain en fait aujourd’hui une cible prometteuse de traitement des formes d’obésité caractérisées par un déficit « génétique » du contrôle alimentaire.
Source: Science 23 April, 2020 DOI : 10.1126/science.aaz8995 Determination of the melanocortin-4 receptor structure identifies Ca2+ as a cofactor for ligand binding
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