L'analyse de mégadonnées suggère le rôle de la connectivité cérébrale dans l'atrophie liée à l'épilepsie. Ces travaux de l’Université McGill, publiés dans la revue Science Advances, prédisent ainsi pour la première fois avec précision les dommages causés à la matière grise par les différents types d'épilepsie, une avancée majeure dans notre compréhension de la maladie.
L'épilepsie est de plus en plus considérée comme un trouble du réseau. Cette méga-analyse multisites, basée sur la neuroimagerie et l'analyse des connectomes identifie les associations de réseaux avec des modèles d'atrophie chez 1.021 adultes épileptiques. L’étude identifie ainsi des corrélations entre certains modèles de connexion, les zones d’atrophie et les différents types d’épilepsie. Ainsi, pour chaque type d’épilepsie, les anomalies morphologiques sont ancrées dans les profils de connectivité de différents épicentres de la maladie. Pour les spécialistes, ces travaux apportent à la connaissance des caractéristiques macroscopiques qui façonnent la physiopathologie des épilepsies courantes. Le connectome qui décrit comment les différentes zones du cerveau interagissent et travaillent ensemble pour effectuer certaines tâches, se révèle ainsi un élément crucial de l’analyse et du diagnostic.
Epilepsie, connectome, atrophie
Plus largement, en neuroscience, il devient de plus en plus clair que le connectome du cerveau est aussi important que son anatomie dans l'étude des maladies humaines. Si la recherche connectomique sur l'épilepsie a considérablement progressé ces dernières années, le rôle du connectome dans la maladie reste encore incompris.
L'étude, menée par une équipe du Neuro (Institut-Hôpital neurologique de Montréal), a analysé les données de 1.021 personnes épileptiques vs 1.564 témoins sains sur 19 sites à travers le monde à partir de la base de données ENIGMA, une base de données de neuroimagerie à la disposition des chercheurs. A partir de ces données, les chercheurs ont cartographié l'atrophie de la matière grise, une caractéristique de l'épilepsie, chez les patients.
Des « hubs » plus vulnérables : à partir des données d'une autre base de données, le Human Connectome Project, les chercheurs ont pu corréler les types d’atrophie de la matière grise aux régions du cerveau où la connectivité était la plus élevée. « Les régions hubs participent à la signalisation cérébrale, présentent une plasticité et une activité métabolique élevée, ce qui en fait un candidat pour l'atrophie liée à l'épilepsie », explique l’auteur principal, Sara Larivière, chercheur au Neuro.
Evaluer les dommages de l’épilepsie à la matière grise : ces zones de forte atrophie chez les patients souffrant à la fois d'épilepsie généralisée idiopathique et d'épilepsie temporale ont tendance à être des régions centrales. Via des analyses plus poussées, les chercheurs montrent que leur modèle permet de prédire les dommages causés par l'épilepsie au fil du temps, à la matière grise.
Ainsi, la connectivité cérébrale (ou le connectome) médie l'effet de l'épilepsie sur l'ensemble de la structure cérébrale. Une donnée essentielle pour comprendre les déficits fonctionnels courants chez les patients épileptiques et pour évaluer l'évolution de la maladie.
Source: Sciences Advances 18 Nov 2020 DOI: 10.1126/sciadv.abc6457 Network-based atrophy modeling in the common epilepsies: A worldwide ENIGMA study
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