Ce programme de recherche FinnBrain de l'Université de Turku identifie des changements dans le développement des faisceaux de substance blanche dans le cerveau de l'enfant lorsque son père a été exposé au stress durant son enfance. Un excellent exemple d’héritage épigénétique, développé dans la revue JAMA Network Open.
Des études de plus en plus nombreuses font état de l’influence de ces changements dans l’expression des gènes causés par l'environnement. Si, il y a une dizaine d'années seulement, on pensait que ces caractéristiques acquises ne pouvaient être transmises à la descendance, on sait aujourd'hui que ces modifications épigénétiques peuvent avoir des effets chez la génération suivante. Il a ainsi déjà été démontré que la nutrition et le stress chez la mère peuvent induire de telles modifications avec des implications chez l'enfant. Ces nouvelles découvertes sur le rôle de l'épigénétique dans la régulation de la fonction des gènes incitent à nouveau à poursuivre la recherche sur leur héritabilité. Plusieurs études ont ainsi montré que l’obésité chez la mère peut via ces modifications épigénétiques induire différents problèmes de santé chez l’enfant plus tard dans la vie, dont des troubles du comportement. Ces types de phénomènes transmis d'une génération à l'autre restent cependant relativement peu étudiés chez l'Homme.
Une relation entre l'exposition du père au stress et le développement des tractus de substance blanche chez l’enfant.
Dans le cadre du programme FinnBrain, les chercheurs ont identifié 72 familles pour lesquelles les expériences de stress des 2 parents étaient documentées et dont l'enfant avait subi une IRM quelques semaines après la naissance. L'analyse qui a rapproché ces deux types de données, révèle que l'exposition du père au stress est liée à un développement plus rapide des faisceaux de substance blanche dans le cerveau de l'enfant : ces faisceaux de matière blanche relient différentes parties du cerveau et jouent un rôle central dans le fonctionnement du cerveau.
La relation entre l'exposition du père au stress et le développement des tractus de substance blanche de l'enfant subsiste même après prise en compte de l'impact de l'exposition précoce au stress de la mère et d'autres facteurs de confusion possibles pendant la grossesse.
Pour pouvoir vérifier que ces effets sur la substance blanche du cerveau de l’enfant sont bien transmis par le père, les chercheurs travaillent actuellement sur l’analyse d’échantillons de sperme.
Source: JAMA Network Open 2020 doi:10.1001/jamanetworkopen.2020.24832 Association of Cumulative Paternal Early Life Stress With White Matter Maturation in Newborns
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