Observer les recommandations de pratique de l’exercice soit 150 minutes d’activité modérée par semaine, c’est déjà bénéfique pour la santé. Les bénéfices de l’exercice sont également bien démontrés pour la santé mentale aussi. Mais, à l’instar de l’alimentation, varier ses activités comme on varie les aliments pourrait apporter encore un « plus » aux bienfaits de la pratique régulière de l’activité. Démonstration avec cette étude de l'Université de Bâle, publiée dans le BMC Psychiatry-et qui accessoirement contribue à expliquer pourquoi notre bien-être pâtit de la pandémie. Un plaidoyer pour … la liberté de mouvement ?
« L'activité aide la psyché », écrivent les chercheurs dans leur communiqué : une promenade le matin, quelques longueurs de natation à midi, et un jogging le soir pourraient ressembler au programme d’activité idéal pour la journée. Cependant, en France, hors COVID, seuls 71% des hommes et 53% des femmes observent les recommandations de l’OMS en matière d’activité physique. Depuis 2006 même, le niveau d’activité physique a diminué chez les femmes. Alors qu’une bonne moitié seulement de la population pratique une activité en temps normal, la sédentarité a considérablement augmenté en raison des mesures prises contre la propagation de l’épidémie.
Une première indication de l'impact mental de la restriction de mouvements
Les chercheurs suisses se sont concentrés sur les modèles de mouvement quotidiens -et non sur l’effet de programme d’exercice encadrés comme la plupart des études- choisis naturellement et sur leurs effets sur la santé mentale. Les chercheurs dont des cliniciens psychiatres de Bâle ont collecté des données GPS auprès de 106 participants, souffrant de troubles mentaux. Les participants ont porté des trackers d’activité pendant une semaine, puis l’équipe a comparé ces données d’activité aux données de bien-être mental collectées par enquêtes. L’analyse confirme que :
- plus les niveaux d’activité sont élevés, plus les niveaux de bien-être le sont aussi,
- mais au-delà, la diversité des mouvements montre également toute son importance : plus ces mouvements sont variés, et plus les niveaux de bien-être le sont à nouveau ;
- Bref, des résultats qui suggèrent que
l'activité à elle seule ne suffit pas
à réduire totalement les symptômes des troubles mentaux chez ce groupe de participants…
Si ces données ont été collectées avant la pandémie, elles restent pleines de sens, selon leurs auteurs, pendant cette crise sanitaire : « alors que de nombreuses activités sociales et récréatives ont été interrompues depuis plusieurs mois, les habitudes d'activité physique de nombreuses personnes sont également devenues plus monotones.
Et ces modèles d’activité issus de la « restriction de mouvements » pourraient bien jouer un rôle dans le mal-être grandissant.
Source: BMC Psychiatry 24 March 2021 DOI : 10.1186/s12888-021-03147-9 The spatiotemporal movement of patients in and out of a psychiatric hospital: an observational GPS study
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