A priori, la maladie de Parkinson et le mélanome n’ont « pas grand-chose à voir ». Cependant, les patients atteints de la maladie de Parkinson ont bien un risque accru de mélanome. Pourquoi ? Cette équipe du National Heart, Lung, and Blood Institute (NHLBI/NIH) révèle le lien moléculaire qui corrèle ces deux maladies. Il s’agit d'agrégats protéiques, amyloïdes. Ces travaux présentés au Congrès de printemps de l’American Chemical Society (ACS) montrent par imagerie et fluorescence la présence d’α-synucléine à des niveaux élevés dans les cellules de mélanome et décryptent une interaction coupable entre deux types d'amyloïdes.
« Plusieurs études ont montré que le risque de mélanome est multiplié par 2 à 6 chez les patients atteints de la maladie de Parkinson», explique l’auteur principal, Dexter Dean, chercheur au NHLBI : « la protéine impliquée dans la maladie de Parkinson, l'α-synucléine, est aussi élevée dans les cellules de mélanome ». Dans la maladie de Parkinson, l'α-synucléine forme des dépôts amyloïdes qui détruisent les neurones dopaminergiques dans le cerveau, provoquant des symptômes tels que les tremblements, des mouvements lents et la démence. De nombreuses équipes se sont penchées sur les effets de l'α-synucléine dans le cerveau, mais les recherches restent très limitées sur d'autres tissus.
α-synucléine et Pmel ou le choc de 2 protéines amyloïdes exprimées dans le mélanome
Les chercheurs montrent que la protéine en cause dans Parkinson est en effet beaucoup plus fortement exprimée dans le mélanome que dans une peau saine. Ces niveaux plus élevés d'α-synucléine dans les mélanocytes s’avèrent corrélés à une production réduite de pigment ou de mélanine, et donc à une moindre protection des dommages causés par les rayons ultraviolets du soleil.
«On savait que les amyloïdes sont impliquées dans les maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson et la maladie d'Alzheimer, mais il est moins connu que certaines protéines amyloïdes, comme « Pmel », remplissent en fait une fonction utile, dans les mélanocytes sains », explique Jennifer Lee, chercheur également au NHLBI et co-auteur de l’étude : « Pmel forme des fibrilles amyloïdes qui agissent comme des échafaudages pour stocker la mélanine dans les mélanosomes ».
Une interaction entre l'α-synucléine et l’amyloïde Pmel : à l’aide de techniques de microscopie de pointe, les chercheurs observent la présence des 2 protéines dans les mélanosomes des cellules de mélanome humain. Lorsqu’ils ajoutent de l'amyloïde α-synucléine à l’amyloïde Pmel, Pmel se met à s'agréger et à former une structure de fibrilles. En amenant Pmel à former une structure tordue inhabituelle, l’amyloïde a-synucléine diminue la biosynthèse de la mélanine, « une perte de pigmentation de la peau qui contribue à l'augmentation du risque de mélanome chez les patients atteints de la maladie de Parkinson ».
C’est un début de compréhension du rôle de l'α-synucléine dans le mélanome, que cette interaction découverte avec Pmel. Mais déjà l'α-synucléine semble une cible possible pour de nouveaux traitements.
Source: American Chemical Society (ACS) Spring 2021 7-Apr-2021 An amyloid link between Parkinson's disease and melanoma
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