Il existe un lien complexe et surprenant entre l'indice de masse corporelle (IMC) et la maladie d'Alzheimer révèle cette équipe de l’Ohio State University : un IMC plus faible combiné à un risque génétique, prédisent la progression de la maladie. Ainsi, si l'obésité à la quarantaine semble liée à un risque accru de maladie d'Alzheimer, la recherche, publiée dans le Journals of Gerontology suggère qu'un indice de masse corporelle élevé plus tard dans la vie ne se traduit pas nécessairement par un risque accru de maladie neurologique. Au contraire.
De précédentes recherches ont souligné le lien entre l'obésité et des résultats cognitifs négatifs, mais avec des résultats mitigés. Quant à la variante du gène APOE4, si elle constitue un facteur de risque génétique puissant de maladie d'Alzheimer, elle n'explique qu'environ 10 à 15% du risque global. Comment ces deux facteurs, IMC et prédisposition génétique se combinent pour influer sur le risquer d’Alzheimer, c’est l’objectif de cette recherche. « Le risque génétique est important, mais il n'explique vraiment qu'une petite partie de la maladie d'Alzheimer, nous avons donc souhaité examiner d'autres facteurs que nous pouvons contrôler », explique l’auteur principal, Jasmeet Hayes, professeur de psychologie à l’Ohio State.
IMC faible et prédisposition génétique peuvent annoncer le développement de la maladie d'Alzheimer
Les chercheurs comparent ici les données de 104 participants ayant reçu un diagnostic de déficience cognitive légère et pour lesquels les scores de risque polygénique étaient disponibles. Parmi ces participants, la moitié (52) ont développé la maladie d'Alzheimer au cours des 2 années suivantes, l'autre moitié a maintenu un état cognitif stable. Les chercheurs se sont concentrés sur 2 facteurs de risque : l'indice de masse corporelle (IMC) et un groupe de variantes génétiques documentées comme associées à un risque plus élevé de maladie d'Alzheimer.
A des âges différents, l’obésité ne produit pas les mêmes effets
L’analyse conclut, en effet, que :
- un IMC plus faible combiné à une prédisposition génétique est associé à un risque plus élevé de progression vers la maladie d'Alzheimer. Cette association est plus forte chez les hommes.
Il ne s’agit pas pour autant de prendre du poids avec l’âge.
Une interaction entre la génétique et l'IMC : les auteurs font plutôt l’hypothèse que la baisse de l'IMC chez ces patients est très probablement une conséquence de la neurodégénérescence. D’autant que les régions du cerveau touchées par la maladie d'Alzheimer sont impliquées dans le contrôle des comportements alimentaires et la régulation du poids : « Nous pensons qu'il y a une interaction entre la génétique et un IMC plus bas, et le fait d'avoir ces deux facteurs de risque provoque une plus grande dégénérescence dans certaines régions du cerveau ce qui augmente le risque de développer la maladie d'Alzheimer ». En effet, l'effet de l'interaction IMC-risque génétique reste significatif même après prise en compte de la présence des niveaux de protéines bêta-amyloïde et tau dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) des participants.
« Le maintien d'un poids santé et une alimentation saine sont essentiels pour éviter ou réduire l'inflammation et le stress oxydatif et prévenir les processus neurodégénératifs. Une perte de poids rapide chez une personne âgée peut être le reflet d'un processus neurodégénératif. Si vous pouvez identifier les personnes à risque plus élevé avant que les symptômes ne se manifestent, vous pouvez mettre en œuvre des interventions et des techniques de prévention pour ralentir ou empêcher cette progression».
Source: The Journals of Gerontology series a 21 April 2021 DOI : 10.1093/gerona/glab117 Body Mass Index and Polygenic Risk for Alzheimer’s Disease Predict Conversion to Alzheimer’s Disease
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