On estime que 150 millions de personnes pourraient être atteintes de démence en 2050. Ce chiffre et la crainte de l’Alzheimer doit inciter chacun à adopter les bons comportements pour prévenir au maximum ce risque en préservant au maximum la santé de son cerveau. Les professionnels de santé ont un rôle clé à jouer en insufflant à leurs patients les bons comportements. C’est le message de ces experts de l'Université du Michigan qui proposent, sous la forme de déclaration scientifique officielle de l'American Heart Association et dans la revue Stroke, un guide pour aider les cliniciens dans cette stratégie de prévention. Un point donc précieux, pour les professionnels mais aussi le grand public sur les comportements de mode de vie qui peuvent repousser « l’Alzheimer » et la démence.
Un cerveau en bonne santé est essentiel pour vivre une vie plus longue et de « bonne qualité ». Cependant, le vieillissement des populations soulève de nouveaux défis pour le maintien de la qualité de vie avec l’âge. Le vieillissement normal compromet l'activité neuronale, la cognition et d’une manière plus générale rend notre cerveau plus vulnérable. Une fois cette déficience en marche, peu d'options thérapeutiques sont disponibles. Adopter des comportements sains en matière d'alimentation, de contrôle de la tension artérielle, d'exercice, de consommation alcool, d'interaction sociale et plus encore permet de réduire considérablement le risque de démence plus tard dans la vie.
La prévention est primordiale, les soins primaires peuvent jouer un rôle essentiel
C’est le message principal de cette déclaration scientifique de l'American Heart Association (AHA) qui rappelle, aux professionnels de soins primaires, les grands facteurs de risque de troubles cognitifs et les grandes mesures de prévention possibles pour les prévenir. De nombreux facteurs de risque de déclin cognitif sont modifiables et les professionnels de santé peuvent contribuer, en conseillant leurs patients, à réduire le fardeau de la démence dans nos sociétés. On estime aujourd’hui que près de 50 millions de personnes en sont atteintes dans le monde et cette prévalence pourrait atteindre 75 millions de cas d'ici 2030, et tripler d’ici 2050.
7 facteurs de risque majeurs mais évitables : les facteurs de risque de démence sont nombreux mais les factreurs majeurs comprennent la dépression, l'hypertension, l'inactivité physique, le diabète, l'obésité, l'hyperlipidémie, un régime alimentaire trop riche, le tabagisme, l’isolement social, consommation excessive d'alcool, les troubles du sommeil et la perte auditive. De nombreux facteurs de modes de vie -qui peuvent émerger avant l'âge adulte- peuvent donc être identifiés et gérés par les professionnels de soins primaires, ou les patients, directement.
Une démarche de prévention : la première étape pour le professionnel de soins primaire est de détecter un risque de démence plus élevé chez les patients présentant
7 facteurs de risque modifiables (cités plus haut).
La deuxième étape consiste donc à aider les patients à modifier leurs comportements pour réduire ces facteurs de risque, soit en utilisant des médicaments (ex : gestion de l’hypertension et de la dépression) ou des dispositifs (ex : perte d’audition) et en adoptant un mode de vie sain, en particulier :
- pratiquer régulièrement l’exercice,
- adopter un régime alimentaire équilibré, de type régime méditerranéen,
- réduire la consommation d’alcool,
- ne pas fumer,
- retrouver un poids de santé…
La réduction de la pression artérielle, de la glycémie, du cholestérol, de la consommation de tabac et d'alcool, des symptômes de dépression et de l'indice de masse corporelle, et l'augmentation de l'activité physique, la consommation d'aliments sains et les liens sociaux peuvent tous réduire le risque futur de démence.
L'ampleur de l'effet de réduction du risque varie en fonction du facteur de risque en question.
Un nouveau médicament anti-amyloïde contre la maladie d'Alzheimer vient d’être autorisé en « fast track », mais certains experts disent déjà que les preuves d’efficacité ne sont pas très solides et craignent que le traitement soit très coûteux.
« La démence n'est pas inévitable », encourage l’auteur principal, le Dr Levine, médecin en soins primaires à la Michigan Medicine : «Cependant, des preuves de plus en plus nombreuses confirment que des comportements sains et le contrôle des facteurs de risque vasculaires peuvent très largement contribuer à maintenir la santé du cerveau et prévenir la démence ».
De plus, ces mêmes stratégies peuvent également réduire le risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral.
« Il n'est jamais trop tard pour commencer à travailler sur ces facteurs de risque cognitifs. Nous n'avons aucun traitement qui arrêtera la démence, il est donc important de protéger la santé de notre cerveau ».
Source: Stroke Mar, 2021 DOI: 10.1161/STR.0000000000000367Stroke. 2021;52:e295–e308A Primary Care Agenda for Brain Health: A Scientific Statement From the American Heart Association
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