Crise cardiaque, dépression et accident vasculaire cérébral (AVC) forment un cercle vicieux trop fréquemment observé dans les services de cardiologie : La dépression après une crise cardiaque augmente le risque d'AVC, confirme cette étude de cardiologues du Charleston Area Medical Center (Virginie), présentée lors du 71e Congrès scientifique de l'American College of Cardiology (AAC 22). Les auteurs appellent à une meilleure surveillance de la santé mentale des patients qui récupèrent d’un infarctus du myocarde.
De précédentes études ont mis en exergue le lien entre la dépression et les maladies cardiaques. Bien que les causes et les processus impliqués dans cette relation restent mal compris, il existe de plus en plus de preuves que le traitement de la dépression peut permettre d’améliorer aussi les résultats cardiovasculaires.
La dépression peut compliquer et ralentir la récupération d’une crise cardiaque, avec également des conséquences supplémentaires sur le bien-être et la qualité de vie. Cette nouvelle recherche apporte une raison supplémentaire de veiller à la santé mentale des patients post-infarctus : les patients qui souffrent alors de dépression présentent un risque accru de 50 % de « faire » un AVC.
La dépression post-crise cardiaque, facteur indépendant de risque d’AVC ?
L’étude : cette analyse des dossiers de santé de 495.386 patients ayant subi une crise cardiaque entre 2015 et 2021 révèle une différence marquée dans les taux d'AVC entre les patients avec et sans dépression :
- environ 51.000 patients soit 10,5 % des participants ont reçu un diagnostic de dépression après leur crise cardiaque ;
- parmi ces patients, seul environ 1 participant sur 6 avait reçu un diagnostic de trouble de santé mentale avant sa crise cardiaque, les autres ont donc été diagnostiqués pour la première fois après leur crise cardiaque ; seulement 7 % des patients souffrant de dépression avant la crise cardiaque avaient utilisé des antidépresseurs ;
- les patients avec et sans dépression avaient des antécédents de santé et démographiques similaires ;
- les hommes s’avèrent plus susceptibles que les femmes de souffrir de dépression ;
- les participants souffrant de dépression présentent également des taux plus élevés d'hypertension, de maladie coronarienne, de diabète, d'insuffisance cardiaque et de maladie pulmonaire obstructive chronique, ainsi qu'un indice de masse corporelle plus élevé et des antécédents plus fréquents de tabagisme. Cependant, le lien entre la dépression et l'AVC ultérieur reste significatif même après prise en compte de ces facteurs de confusion possibles ;
- 12 % des participants souffrant de dépression ont subi par la suite un AVC, vs 8,3 % des participants exempts de dépression, une différence de près de 50 % dans le risque d'AVC.
L’auteur principal, le Dr Frank H. Annie, chercheur en cardiologie au Charleston Area Medical Center souligne la multitude de facteurs liés à la dépression qui peuvent expliquer ces résultats. « Nous allons devoir creuser plus profondément pour comprendre les causes et les effets ». Par exemple, la dépression peut interférer avec la capacité à se rendre à des rendez-vous médicaux et à observer ses traitements. La dépression peut également réduire le sommeil et la concentration, ce qui peut nuire aussi à la pratique de l'exercice et à l’adoption d’une alimentation saine pour le cœur et directement accroître le risque cardiaque.
Une approche multidisciplinaire s'impose donc pour suivre les patients à antécédents de maladie cardiaque et de dépression, avec une surveillance particulière de la bonne observance des traitements.
Source: American College of Cardiology ACC.22 23 March, 2022 The Effect of Depression on Post Myocardial Infarction Cases
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