4 biomarqueurs sanguins qui forment une signature prédictive ou de détection du syndrome de stress post-traumatique (SSPT), identifiés par une équipe du Walter Reed Army Institute (Silver Spring, Maryland) laissent espérer un futur test sanguin. Présenté lors du Congrès Discover BMB de l’American Society for Biochemistry and Molecular Biology, cette signature biologique va aider au diagnostic, au traitement et à la prévention du SSPT, en particulier en zone de conflit, chez les militaires, ou en cas d’urgence humanitaire.
Le SSPT peut survenir après exposition à un événement traumatisant. Le SSPT est actuellement diagnostiqué sur la base de symptômes tels que des flashbacks, des difficultés à dormir ou à se concentrer, des pensées négatives, des troubles de la mémoire et l'évitement des situations déclenchantes. Le SSPT reste difficile à diagnostiquer car il partage ces symptômes avec d’autres problèmes de santé mentale.
En montant que les personnes qui souffrent actuellement ou font face à un risque élevé de trouble de stress post-traumatique présentent en effet des modèles particuliers dans 4 biomarqueurs mesurables par simple test sanguin, cette équipe marque une avancée dans la détection du risque et le diagnostic, mais aussi dans le suivi de l’évolution du SSPT et de la réponse au traitement.
L’étude, menée auprès de plus de 1.000 participants, militaires, représente la plus grande étude prospective à ce jour ayant évalué et identifié des marqueurs biologiques possibles du SSPT, évoluant au fil du temps. Grâce à cette vision « évolutive » l’étude apporte également des informations précieuses sur le développement du SSPT et sur l'efficacité des interventions. « Autant d’informations qui vont contribuer à l'élaboration de directives et améliorer les soins aux personnes souffrant de SSPT », explique Stacy-Ann Miller, chercheuse au Walter Reed Army Institute.
Vers de meilleures méthodes de prédiction ou de dépistage du SSPT : identifier les personnes à haut risque de développer un SSPT et mettre en œuvre immédiatement des stratégies d'intervention ou de prévention peut en effet réduire la gravité des symptômes ou empêcher complètement le trouble de se développer.
Quels biomarqueurs ? Les biomarqueurs, qui reflètent les processus biologiques, peuvent en effet fournir une mesure objective des changements physiologiques associés aux maladies telles que le SSPT. Pour l'étude, les chercheurs ont analysé 4 biomarqueurs dans des échantillons de sang de militaires, prélevés avant un déploiement de 10 mois sur le terrain, 3 jours après leur retour puis 3 à 6 mois plus tard. Les biomarqueurs en question avaient déjà été liés au stress, à la dépression, à l'anxiété et aux troubles de santé mentale. Ils comprenaient :
- le rapport glycolytique, une mesure de la façon dont le corps décompose le sucre (glycolyse) pour produire de l'énergie ;
- l'arginine, un acide aminé qui joue un rôle dans les systèmes immunitaire et cardiovasculaire ;
- la sérotonine, un messager chimique qui aide à réguler l'humeur, le sommeil et d'autres fonctions ;
- le glutamate, un messager chimique qui joue un rôle dans l'apprentissage et la mémoire.
Les chercheurs ont pris en compte les mesures du SSPT (diagnostic de SSPT, SSPT possible ou aucun SSPT) et de la résilience mentale (l'anxiété, la qualité du sommeil, les troubles liés à la consommation d'alcool, les expositions au combat, les lésions cérébrales traumatiques et la santé générale) et ont rapproché les niveaux des 4 biomarqueurs des résultats de santé mentale des participants. De précédentes études antérieures avaient montré que les personnes considérées comme ayant une faible résilience sur la base de ces critères de résilience sont beaucoup plus susceptibles de développer un SSPT. L’analyse révèle que :
- les participants atteints de SSPT diagnostiqué et probable présentent :
- un rapport glycolytique significativement plus élevé ;
- des niveaux d’arginine plus faibles ;
- une sérotonine significativement plus faible ;
- un taux de glutamate plus élevé,
que les personnes ayant une résilience élevée. Ces associations s’avèrent indépendantes de facteurs tels que le sexe, l'âge, l'indice de masse corporelle (IMC), le tabagisme et la consommation de caféine.
Une signature diagnostique et prédictive : les chercheurs concluent que ces biomarqueurs peuvent aider à prédire quelles personnes sont confrontées à un risque élevé de SSPT, à améliorer la précision du diagnostic du SSPT et apporter une nouvelle compréhension des moteurs et des effets du SSPT.
« Cela pourrait conduire au développement de traitements plus ciblés et efficaces pour le SSPT ou à l'identification de sous-types spécifiques de SSPT, qui peuvent répondre différemment à différents traitements ».
Source: American Society for Biochemistry and Molecular Biology Meeting Discover BMB 27 March, 2023 Researchers identify markers of PTSD in the blood
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