Voilà une nouvelle illustration des avantages de l’exercice, et ici de la course à pied pour la santé cognitive plus tard dans la vie : cette équipe de la Florida Atlantic University (FAU) révèle comment l’exercice contribue à maintenir bien câblés les « vieux » neurones, nés à l'âge adulte. L’étude, publiée dans la revue eNeuro ajoute à la preuve de l’efficacité de l'activité physique à retarder ou empêcher le déclin structurel et fonctionnel chez les personnes âgées.
Le vieillissement s'accompagne souvent d'un déclin cognitif et parmi les premières structures du cerveau touchées, figurent l'hippocampe et les cortex adjacents, des zones essentielles à l'apprentissage et à la mémoire. Ces déficits cognitifs sont associés à une réduction du volume de l'hippocampe et à une dégradation de la connectivité synaptique entre l'hippocampe et le cortex (péri)-entorhinal.
Pourquoi les neurones nés à l’âge adulte ?
On pense que les neurones nés à l'âge adulte contribuent à la fonction de mémoire, dépendante de l'hippocampe, et jouent un rôle particulièrement important pendant la « période critique » de développement cellulaire, entre 3 et 6 semaines d'âge cellulaire, lorsqu'ils sont dotés une plasticité synaptique accrue. Cependant, ces nouveaux neurones restent présents pendant de nombreux mois, bien au-delà de cette période critique, et on ignore comment ils interagissent dans les réseaux neuronaux et si leurs connexions restent modifiables par l'activité physique à l'âge mûr.
L’étude démontre précisément, chez un modèle animal, comment la course à pied modifie considérablement le réseau de neurones générés à l’âge adulte : les chercheurs se sont concentrés sur les effets de la course sur un réseau de nouveaux neurones hippocampiques générés chez des souris adultes, à l'âge moyen. Une approche unique de traçage des circuits (basée sur le virus de la rage) révèle que :
- la course à long terme augmente considérablement le nombre de neurones nés à l'âge adulte et améliore le recrutement de cellules (sous)-corticales présynaptiques dans leur réseau ;
- la course à pied tout au long de l'âge moyen maintient les vieux neurones nés à l'âge adulte « câblés », ce qui est également favorable au maintien de la mémoire et à une réduction de la neurodégénérescence liée au vieillissement ; ainsi, l’exercice augmente l'apport des interneurones aux « vieux » neurones nés à l'âge adulte, en particulier dans l’hippocampe. Ces interneurones jouent un rôle dans la réduction de l'hyperexcitabilité de l'hippocampe liée au vieillissement, ce qui favorise le maintien de certaines fonctions cognitives avec l’âge, dont la fonction de mémoire ;
- plus de 6 mois après le marquage des neurones nés à l'âge adulte avec ce vecteur rapporteur fluorescent, les connexions sont mieux préservées avec la course à pied, la stabilité du réseau permettant le maintien de l'encodage de la mémoire épisodique en dépit du vieillissement.
« Une pratique continue et régulière de l’exercice profite profondément au cerveau vieillissant et peut empêcher le déclin de la fonction cognitive en augmentant la survie et en maintenant le réseau des neurones nés à l'âge adulte et en facilitant ainsi leur participation aux processus cognitifs », résume l’un des auteurs principaux, le Dr Henriette van Praag, professeur agrégé de sciences biomédicales à la FAU.
Ces nouvelles données confirment ainsi que la course à pied -ou d’autres activités aérobie certainement- non seulement sauve la connectivité, booste la neurogenèse et la stabilité réseau de vieux neurones nés à l'âge adulte.
« Un aperçu de la façon dont l'exercice chronique, commencé au début de l'âge adulte et se poursuivant tout au long de l'âge moyen, contribue à maintenir la mémoire tout au long du vieillissement, soulignant la pertinence d'inclure l'exercice dans notre vie quotidienne ».
Source: eNeuro 15 May, 2023 DOI: 10.1523/ENEURO.0084-23.2023 Running throughout Middle-Age Keeps Old Adult-Born Neurons Wired