Ce nouvel outil diagnostique, développé par des chercheurs psychologues de l’Oregon Health & Science University pourra ainsi aider les médecins de soins primaires à diagnostiquer ce syndrome de plus en plus fréquent, caractérisé par un isolement social extrême. Alors que la solitude et l’isolement sont aujourd’hui des facteurs bien documentés de moins bon résultats de santé et de risque accru de maladies, cet outil diagnostique, présenté dans la revue World Psychiatry, répond au nouveau besoin d’évaluation de ce syndrome, aujourd’hui largement répandu à travers le monde.
La pandémie de COVID est probablement en cause dans l’émergence de ce phénomène psychosocial qui incite à la solitude et au retrait social, soulignent les auteurs à l’origine de cet outil d'évaluation du « Hikikomori » nommé HiDE. L'outil apporte à la fois des conseils pratiques et les questions d'entretien spécifiques permettant aux cliniciens de diagnostiquer et d’évaluer le degré de la maladie.
« Si la plupart des professionnels de santé ont entendu parler du hikikomori, ils ne savent toujours pas exactement de quoi il s'agit ou comment il peut être évalué en pratique clinique », relève l'auteur principal, le Dr Alan Teo, professeur agrégé de psychiatrie à l'Oregon Health & Science University.
« Les proches cherchent des thérapeutes et des traitements mais se retrouvent dans une impasse ».
Cet outil fait suite à une publication, en 2020, de la même équipe, d’une définition clinique, simplifiée et claire du hikikomori. Entretemps, le COVID-19 a contraint une grande partie du monde à travailler à domicile et à réduire ses interactions sociales, et la prévalence de cet isolement social extrême a considérablement augmenté. D’autres facteurs ont pris la relève, précisent ces experts, qui invoquent aussi la responsabilité des technologies et des écrans qui détournent notre regard de nos proches.
Tout le monde est à risque de hikikomori.
Le nouvel outil d'évaluation propose une feuille de route permettant aux cliniciens de diagnostiquer clairement le hikikimori, et de manière très spécifique -par rapport à d’autres formes de maladie mentale telles que les troubles anxieux par exemple. La prochaine étape consistera à proposer des conseils cliniques pour traiter réellement la maladie une fois diagnostiquée avec précision.
« A ce jour, nous ne savons pas quels traitements fonctionnent et quels traitements ne fonctionnent pas. Nous nous efforçons de faire les choses une étape à la fois. Traiter la maladie n’est pas possible si on ne sait pas la diagnostiquer ».
Source: World Psychiatry 15 Sept, 2023 DOI: 10.1002/wps.21123 The Hikikomori Diagnostic Evaluation (HiDE): a proposal for a structured assessment of pathological social withdrawal
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