La peur nous amène à prendre des décisions différentes lorsqu'il s’agit d’objectifs ou « récompenses » à court ou à long terme, montre cette étude d’une équipe de psychologues de l'Université de Padoue (Italie). Avec des différences de réponse selon le sexe : les femmes qui ont peur ont tendance à donner la priorité à un objectif ou un gain à court terme, plus que les hommes, selon ces conclusions, publiées dans la revue PLoS ONE.
La peur affecte donc significativement les décisions des femmes, révèlent ces psychologues, qui restent plus mitigés sur les hommes, dont les décisions semblent moins affectées par l’émotion.
La prise de décision reste un processus complexe et encore mal compris, en particulier lorsqu’il s’agit de peser les avantages ou les gains à court et à long terme. Le phénomène connu « d’auto-actualisation » décrit une tendance courante à préférer une récompense immédiate plutôt qu’une récompense ultérieure, même si la récompense ultérieure est nettement plus importante.
L’étude a réexaminé comment les émotions comme la peur et la joie affectent la prise de décision, en particulier lorsqu'il s'agit de comparer les récompenses immédiates et ultérieures, auprès de 308 participants, à 63 % des femmes et via une enquête postée sur les réseaux sociaux. Les participants ont visionné un bref extrait de film destiné à induire un état émotionnel :
- pour le groupe soumis à la peur, il s'agissait d'un film d'horreur ;
- pour le groupe incité à la joie, il s'agissait d'un clip documentaire positif avec de beaux paysages de nature ;
- pour le groupe témoin « neutre », il s’agissait un clip documentaire sur les environnements urbains. Les participants ont ensuite été interrogés sur des questions de récompense hypothétiques telles que : « Préféreriez-vous avoir 20 000 € aujourd'hui ou 40 000 € après 3 ans ?
Cette expérience révèle que :
- les participantes du groupe « peur » sont significativement plus susceptibles de sélectionner le gain immédiat quoique plus modeste, vs leurs homologues hommes du même groupe et vs les femmes des autres groupes « joie » ou témoin ;
- aucune différence significative entre les sexes n’est observée pour les décisions prises entre les groupes « joie » ou témoin ;
- plus généralement, la prise de décision des hommes en matière de récompense, ici monétaire, ne semble pas être affectée de manière significative par l’état émotionnel.
Pris ensemble, ces résultats suggèrent que
la peur pourrait induire des décisions plus spécifiques chez les femmes
vs chez les hommes, notamment lorsqu'une récompense est en jeu. Les chercheurs expliquent ces différences par des stratégies évolutives spécifiques autour de la sécurité face au risque et par des approches différentes de régulation des émotions dans des situations stressantes.
Il est clair que les émotions négatives comme la peur et le genre interagissent effectivement en ce qui concerne le processus décisionnel.
Source: PLoS ONE 11 March, 2024 DOI: 10.1371/journal.pone.0299591 Gender differences in the effects of emotion induction on intertemporal decision-making