Les niveaux de cytokines pendant la grossesse, et une cytokine en particulier « XCL1 », ont un impact sur le développement du cerveau fœtal et le comportement de la « progéniture » constate cette étude menée à la Weill Cornell Médecine (New York). La recherche révèle ainsi l’influence possible des niveaux de certaines cytokines, des protéines qui contrôlent la réponse immunitaire et qui circulent dans le sang maternel pendant la grossesse, sur le risque de troubles psychiatriques chez la progéniture. Des résultats publiés dans la revue Brain Behavior and Immunity, surprenants car les cytokines maternelles en circulation sont à des niveaux si faibles qu'elles n'avaient jamais été impliquées dans le développement du cerveau du fœtus ni dans le comportement de la progéniture.
La cytokine XCL1 notamment, produite par les cellules immunitaires maternelles fonctionne comme une hormone de grossesse et est nécessaire au bon développement du placenta et au comportement « de peur » de la progéniture mâle. Des observations, chez l’animal, qui soutiennent de futures études épidémiologiques sur le lien possible entre l'infection maternelle humaine et l'inflammation pendant la grossesse, et le développement de troubles psychiatriques chez la progéniture plus tard dans la vie.
L’étude, menée sur des souris modèles constate que la cytokine XCL1 en circulation reste normalement à un faible niveau avant et tout au long de la gestation, à l'exception d'une courte montée et descente au milieu de la période. Cette élévation ponctuelle apparaît aujourd’hui essentielle au bon développement du placenta et du comportement émotionnel de la progéniture :
- lorsque ce pic de XCL1 dans le sang maternel est bloqué génétiquement ou neutralisé par des anticorps anti-XCL1, les chercheurs observent une production accrue de facteurs associés à des lésions tissulaires dans le placenta fœtal, ce qui entraîne ensuite le développement d’une anxiété innée et des réactions de stress chez la progéniture ;
- ce blocage induit aussi une anomalie neuronale dans le cerveau en développement de la progéniture, en particulier dans l’hippocampe ventral, une région associée à l’anxiété et aux comportements anxieux ;
- ces anomalies immunitaires et neuronales observées lorsque le pic de cytokines est bloqué semblent cependant se normaliser à l'âge adulte.
L’équipe, qui devra également valider ces résultats chez l’Homme, travaille sur d'autres chimiokines susceptibles de réguler le développement du placenta et d'avoir un impact sur le comportement émotionnel de la progéniture.
Source: Brain Behavior and Immunity May, 2024 DOI : 10.1016/j.bbi.2024.02.032 The chemokine XCL1 functions as a pregnancy hormone to program offspring innate anxiety