Cette équipe de cancérologues de l’Université de Plymouth (Angleterre) suggère qu’un médicament contre le cancer du sang pourrait rendre la radiothérapie plus efficace contre les tumeurs cérébrales, de bas grade. Cette recherche, publiée dans la revue EBioMedicine, va permettre de progresser vers un traitement à la fois plus efficace et plus « light » pour le patient, avec beaucoup moins de radiations et donc de dommages au cerveau.
La recherche porte spécifiquement sur les méningiomes, qui représentent environ 36 % des tumeurs cérébrales primitives. La majorité de ces tumeurs peuvent aujourd’hui être traitées avec succès par chirurgie, mais certaines, plus difficiles d’accès, vont nécessiter une radiothérapie. Avec des effets secondaires importants, dont des lésions au cerveau causées par les radiations et le risque de résistance à la radiothérapie qui peut induire une récidive tumorale.
L’étude, dirigée par le Dr Juri Na, chercheur à l'Université de Plymouth, a pour objectif d’atténuer au maximum les effets secondaires des radiations. En travaillant ainsi sur des lignées de cellules de méningiome, l’équipe a découvert que :
- les dommages induits par les radiations peuvent conduire les cellules à produire une quantité accrue de l'enzyme histone désacétylase 6 (HDAC6), dont il a déjà été démontré qu'elle contribue à la croissance tumorale ;
- mais, en administrant l’inhibiteur HDAC6 Cay10603 avant la radiothérapie, il est possible d’inhiber la croissance cellulaire, d’accroître la mort des cellules cancéreuses, dans des biopsies de méningiome.
Réduire la dose de rayonnement : ces données ouvrent une nouvelle approche prometteuse qui pourrait améliorer le traitement du méningiome malin : « l’inhibiteur Cay10603 a été développé pour cibler HDAC, une cible commune dans le cancer du sang. Mais l’étude montre que lorsqu’il est utilisé parallèlement à la radiothérapie, ce traitement combiné élimine plus efficacement les cellules cancéreuses tout en limitant considérablement les effets secondaires graves provoqués par une radiothérapie intensive, car il devient alors possible d’administrer une dose bien plus faible de rayonnement.
Alors qu’aucun inhibiteur d’HDAC comme celui-ci n’a encore été utilisé en pratique clinique, il reste encore de nombreuses étapes à franchir avant que le traitement soit disponible, cependant face au manque d’alternatives thérapeutiques pour les méningiomes, la recherche va certainement inspirer de prochains essais cliniques.
Source: EBioMedicine 24 June, 2024 DOI : 10.1016/j.ebiom.2024.105211 Targeting histone deacetylase 6 (HDAC6) to enhance radiation therapy in meningiomas in a 2D and 3D in vitro study