Un risque génétique élevé de trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) entraîne des conséquences sur la santé mentale et physique, même si la personne n’a pas développé les comportements typiques associés et même si le diagnostic de TDAH n’est pas posé. Cette large étude génétique révèle que les femmes présentent en moyenne, le même niveau de risque de TDAH que les hommes. La conclusion de cette étude menée à l’Université de Tartu (Estonie) et publiée dans la revue Psychological Medicine, incite ainsi à rechercher la possibilité d'un TDAH non diagnostiqué en présence de certaines comorbidités et, plus largement, à améliorer le diagnostic de ce trouble, notamment chez les femmes.
Car le TDAH est un trouble neurodéveloppemental de l’enfance diagnostiqué beaucoup plus souvent chez les garçons que chez les filles. Ce trouble persiste souvent à l'âge adulte, mais est fréquemment sous-diagnostiqué chez l'adulte. Il se caractérise par une hyperactivité excessive, une impulsivité et des difficultés de concentration. De précédentes recherches ont montré que le TDAH est associé à un large éventail de maladies qui peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie. Cependant, ces comorbidités n’ont pas été étudiées chez les personnes non diagnostiquées mais avec risque génétique élevé de TDAH.
Le TDAH est étroitement lié à la santé mentale et physique et s'accompagne en effet de toute une série de problèmes de santé chez les patients diagnostiqués mais c’est également le cas pour certaines personnes qui n'ont pas reçu de diagnostic confirmé mais qui présentent un risque génétique élevé de développer un TDAH.
L’étude, menée à l'Institut de génomique de Tartu analyse les données de plus de 111.000 participants à la biobanque estonienne afin de préciser l'association entre le risque génétique de TDAH et tous les diagnostics de la Caisse d'assurance maladie. Cette large analyse révèle que :
- 80 diagnostics médicaux se révèlent associés à un risque génétique élevé de TDAH ;
- des associations assez similaires sont retrouvées chez les hommes et les femmes, même si le diagnostic est bien plus souvent posé chez les garçons ;
- cela pourrait également suggérer que le TDAH passe plus souvent inaperçu chez les femmes, et diagnostic ou pas, les femmes sont confrontées aux mêmes problèmes de santé associés ;
- parmi les comportements et comorbidités les plus fréquentes retrouvées comme associées avec un risque génétique élevé de TDAH, figurent le tabagisme et l’excès d’alcool, les troubles du comportement alimentaire, pouvant conduire à l’obésité, au diabète de type 2, à des maladies cardiaques, pulmonaires ou inflammatoires.
Alors que le TDAH reste largement sous-diagnostiqué en population générale, et adulte, cette association d'une prédisposition génétique au TDAH avec de nombreux problèmes de santé suggère qu'il convient de détecter le TDAH non diagnostiqué chez certains groupes de patients.
« Une attention particulière devrait être accordée aux femmes
qui, selon l’analyse des risques génétiques, présentent la même prévalence de maladies liées au TDAH que les hommes ».
Source: Psychological Medicine 2 April, 2024 DOI: 10.1017/S0033291724000606 Associations between attention-deficit hyperactivity disorder genetic liability and ICD-10 medical conditions in adults: utilizing electronic health records in a Phenome-Wide Association Study