10 minutes en pleine nature apportent déjà « un mieux » aux personnes souffrant d’un trouble de la santé mentale, réaffirme cette équipe de l’Université de Washington. Une méta-analyse, publiée dans la revue Ecopsychology qui révèle que toutes les études publiées sur le sujet convergent vers un effet mental bénéfique et significatif d’une exposition, même limitée, mais régulière, avec la nature.
La prévalence de la maladie mentale est élevée, estimée par l’Organisation mondiale de la santé à 1 personne sur 8 dans le monde vivant avec une forme de maladie mentale. La maladie mentale affecte la capacité à suivre des études ou à poursuivre une activité professionnelle, la capacité à établir des liens avec ses proches, l’estime de soi et, plus largement l’épanouissement personnel et la qualité de vie. S’il existe des traitements médicamenteux, tous les patients n’y répondent pas. Au même titre que d’autres options non médicamenteuses, comme la pratique de l’exercice, de la méditation, du yoga ou du Tai Chi, l’exposition intentionnelle à la nature a retenu l’attention de nombreuses équipes de psychologues comme un moyen d’alléger ce fardeau, chez les patients, mais aussi chez leurs aidants.
La méta-analyse qui porte sur les effets de l’exposition à la nature sur la santé sociale, mentale et physique s’est concentrée sur des participants déjà atteints de maladie mentale. Car si de précédentes recherches ont déjà suggéré cet effet positif de la nature sur la santé mentale, l’auteur principal, Joanna Bettmann, de l’Université de l’Utah a souhaité valider son efficacité en cas de maladie mentale. L’exposition intentionnelle à la nature pourrait être un moyen « naturel » non médicamenteux de soulager certains des symptômes de la maladie mentale. L’étude passe en revue toutes les études pertinentes publiées sur le sujet entre 1990 et 2020, avec une conclusion unanime :
- une exposition à la nature, même aussi brève que 10 minutes, offre des avantages à court terme aux personnes atteintes de maladie mentale ;
- si selon les études, l’ampleur des effets de cette exposition varie, le bénéfice reste toujours significatif ;
-
les avantages valent qu’il s’agisse de « campagne » ou de « nature urbaine » ;
- les effets positifs sont observés sur la symptomatologie, l’affect, l’anxiété, la cognition, la dépression, l’humeur et la qualité de vie. ;
- en conséquence, prescrire une exposition à la nature aux patients souffrant de troubles mentaux est une option thérapeutique à considérer.
D’autant que l’exposition à la nature ne nécessite pas toujours la surveillance d’un aidant ou d’un professionnel de santé et constitue une option accessible et abordable. Par ailleurs, des programmes de groupe proposant des expériences immersives dans la nature pourraient également bénéficier aux personnes souffrant de maladie mentale.
Cette étude rappelle ainsi l’importance d’intégrer les environnements naturels dans les thérapies : « Les résultats sont opportuns, fondés sur des preuves et exploitables », concluent les chercheurs.
Source: Ecopsychology 8 July, 2024 DOI: 10.1089/eco.2023.0063 Nature Exposure, Even as Little as 10 Minutes, is Likely to Yield Short-Term Benefits for Adults with Mental Illness: A Meta Analysis