Le rôle de l'hormone thyroïdienne dans le développement et le fonctionnement du système nerveux central (SNC) est bien documenté et depuis de nombreuses années. Cette étude révolutionnaire établit aujourd’hui un lien entre les récepteurs hormonaux et la prévention des maladies cérébrales liées à l'âge : il existe ainsi une interaction complexe entre les récepteurs hépatiques X et les récepteurs thyroïdiens qui laisse entrevoir de nouvelles possibilités thérapeutiques pour les troubles neurodégénératifs. Ces travaux, publiés dans la revue Genomic Psychiatry apportent ainsi des informations cruciales sur la manière dont 2 types de récepteurs hormonaux collaborent pour maintenir la santé du cerveau.
L’auteur principal, le Dr Jan-Åke Gustafsson professeur à l'université de Houston résume cette découverte : « notre analyse révèle que les récepteurs X du foie (LXR : liver X receptor) et les récepteurs des hormones thyroïdiennes (TR : thyroid hormone receptor) constituent une voie unique par laquelle le système endocrinien des hormones thyroïdiennes régule l'homéostasie du cholestérol dans le cerveau ».
Une interaction protectrice contre la neurodégénérescence
L’étude, une méta-analyse des recherches publiées sur le sujet, conclut que :
- les récepteurs LXRs et les récepteurs TRs fonctionnent ensemble d'une manière jusqu'alors inconnue pour réguler les fonctions cérébrales essentielles et protéger le cerveau contre la neurodégénérescence ;
- les récepteurs LXRs jouent un rôle crucial dans la régulation de la fonction des hormones thyroïdiennes dans le cerveau ;
- les 2 types de récepteurs sont essentiels au développement et au maintien de la santé et du fonctionnement cérébral ;
- la perte de la fonction LXR entraîne une neurodégénérescence liée à l'âge dans de nombreuses régions du cerveau ;
- les 2 types de récepteurs travaillent ensemble pour maintenir l'équilibre du cholestérol dans le cerveau.
Des implications thérapeutiques prometteuses : ces découvertes suggèrent de nouvelles options thérapeutiques :
- contre la maladie d'Alzheimer : l'activation des LXRs pourrait contribuer à réduire la formation de plaques amyloïdes et à améliorer la cognition ;
- contre la maladie de Parkinson : la signalisation LXR semble également protéger les neurones producteurs de dopamine
- contre la sclérose latérale amyotrophique (SLA) : les récepteurs LXR influencent la survie et la fonction des motoneurones ;
- contre la sclérose en plaques (SEP) : les récepteurs jouent un rôle crucial dans la réparation et l'entretien de la myéline.
Toutes ces pistes et ces effets protecteurs « sont dépendants de l’âge » précisent les chercheurs : « Comprendre pourquoi certains neurones deviennent vulnérables à la dégénérescence avec l’âge se confirme comme essentiel pour développer des traitements préventifs ».
De nouvelles recherches devront encore répondre à de nombreuses questions qui restent en suspens : Comment le ciblage simultané des types de récepteurs pourrait-il améliorer les résultats thérapeutiques ? Une intervention précoce par ces voies pourrait-elle prévenir ou retarder l’apparition de maladies neurodégénératives ? Quel rôle jouent les différentes variantes de récepteurs dans différentes régions du cerveau ?…
Source: Genomic Psychiatry 24 Oct, 2024 DOI : 10.61373/gp024i.0073 Liver X and thyroid hormone receptors in neurodegeneration