Cette étude, présentée au 37th European College of Neuropsychopharmacology (ECNP) révèle que les symptômes de la dépression pendant la grossesse sont liés à une activité cérébrale spécifique : l’identification de ce nouveau marqueur, lisible simplement à l’imagerie, pourrait faciliter la détection précoce voire le dépistage du risque de « baby blues », une condition qui touche jusqu’à 80 % des jeunes mamans et peut durer jusqu’à 3 ans.
Environ 80 % des femmes vont souffrir d’un « baby blues » plus ou moins sévère et plus ou moins durable, après la naissance de leur enfant. La période de déprime est normalement brève et disparaît en quelques jours. Mais environ 1 femme sur 7 développe une véritable dépression post-partum, qui peut affecter la construction de la relation entre la mère et son bébé et peut avoir des conséquences à long terme sur le développement de l’enfant.
La recherche est « l’un des premiers essais visant à comparer l’activité cérébrale des femmes enceintes et non enceintes. La capacité à réguler les émotions est essentielle à la santé mentale, et cette interaction constitue le point de départ des chercheurs ».
L’étude est menée par un consortium de chercheurs européens, dont une équipe de neurologues de l’Université de Tübingen (Allemagne), auprès de 15 femmes enceintes, entre 5 et 6 mois de grossesse, en bonne santé et présentant des niveaux d’œstrogènes très élevés (en raison de la grossesse), comparées à 32 femmes non enceintes, dont les niveaux d’œstrogènes fluctuaient naturellement, comme cela se produit pendant le cycle menstruel. Les participantes ont passé un scanner IRM et durant l’examen, ont dû visionner des images perturbantes. Durant cette tâche, les participantes étaient invitées à réguler leur état émotionnel (en utilisant la réévaluation cognitive). L’analyse identifie que :
- chez les femmes enceintes en bonne santé, l’activité dans une zone spécifique du cerveau, l’amygdale, est liée à la régulation des émotions négatives et à la tendance aux symptômes dépressifs ;
- lors de l’examen IRM, les femmes enceintes qui présentent une plus grande activité dans l’amygdale lors de la régulation de leurs émotions sont celles qui parviennent le moins à contrôler leurs émotions ; l’amygdale étant une petite région cérébrale en forme d’amande située à la base du cerveau, qui gère l’apprentissage, la mémoire et les émotions et qui est impliquée dans le comportement maternel et les soins ;
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les femmes enceintes présentant cette plus grande activité dans l’amygdale sont celles aussi qui présentent le plus de symptômes de dépression ;
- ainsi, la détection à l’IRM de l’activation de l’amygdale ainsi que l’évaluation de la régulation des émotions sont susceptibles d’indiquer, avec précision, quelles sont les femmes enceintes à risque de dépression post-partum.
Les femmes enceintes sont capables, comme les femmes non enceintes de gérer leurs émotions en réinterprétant de manière positive et volontaire une situation, mais cet « effort » semble plus difficile pour les femmes enceintes. En d’autres termes, les femmes enceintes ont plus de difficulté à atteindre un contrôle conscient de ces émotions négatives.
« Si ces données étaient confirmées par de plus larges études, il deviendrait possible, en routine clinique, d’évaluer et de cibler spécifiquement ces femmes pendant cette phase vulnérable, par exemple, en les formant à la régulation des émotions. Une approche non pharmacologique pour aider ces patientes à faire face au baby blues ».
Source: 37th European College of Neuropsychopharmacology (ECNP) Congress 22 Sept, 2024 Study finds symptoms of depression during pregnancy linked to specific brain activity: scientists hope to develop test for “baby blues” risk
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