Le risque de mort subite d'origine cardiaque au cours de la vie est 4 fois plus élevé chez les personnes atteintes de schizophrénie et ce risque reste 2 fois plus élevé chez les patients atteints d'autres types de troubles mentaux, quel que soit leur âge, nous apprend cette étude, menée par une équipe de l’Université d’Helsinki et publiée dans la revue Heart.
Ce risque à vie très augmenté chez ce groupe de patients, d'une mort cardiaque subite en l'absence de maladie cardiaque préexistante, suggère en clair qu'un jeune de 18 ans peut espérer vivre environ 10 ans de moins qu'une personne du même âge sans trouble de la santé mentale. Ceci dit, si de précédentes études avaient déjà suggéré que les jeunes atteints d’une maladie psychiatrique présentent ce risque accru de mort subite d’origine cardiaque, on ignorait si ce risque perdure toute la vie ou encore si certains troubles mentaux particuliers sont associés à un risque significativement plus élevé.
L’étude tente de répondre à ces questions, via l’analyse des décès survenus chez des participants âgés de 18 à 90 ans au cours de l’année 2010 en Finlande, en s’appuyant sur les informations des certificats de décès et des rapports d’autopsie. Les chercheurs ont défini les troubles de santé mentale survenus au cours des 10 années précédentes selon les critères de la Classification internationale des maladies ou via les prescriptions de médicaments psychotropes effectuées au cours de l’année précédente. Au cours de l’année d’étude, soit 2010 :
- 45.703 décès de personnes âgées de 18 à 90 ans ont été recensés ;
- 6.002 décès ont été enregistré comme morts cardiaques subites :
- 3 .683 en « population générale » et 2.319 chez des participants documentés avec maladie mentale ;
- les personnes atteintes de troubles de santé mentale tendent à présenter une série de facteurs de risque : elles sont généralement plus âgées, de sexe féminin et sont plus susceptibles de souffrir de comorbidités, notamment cardiovasculaires, d’une insuffisance cardiaque, d’arythmies et de diabète.
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l’incidence de la mort cardiaque subite s’avère ainsi jusqu'à 6,5 fois plus élevée chez les participants atteints de troubles de santé mentale vs en population générale ;
- bien que les cas soient plus nombreux dans toutes les tranches d'âge, l'écart se réduit dans les tranches d'âge les plus âgées.
- après prise en compte des facteurs de confusion possibles, dont l'âge, le sexe et les comorbidités, une mauvaise santé mentale reste associée de manière indépendante à un risque multiplié par 2 de mort cardiaque subite ;
- le risque est ainsi 2 fois plus élevé en cas de dépression, 3 fois plus en cas de trouble bipolaire et 4,5 fois plus en cas de schizophrénie ;
- les troubles de la santé mentale sont également significativement associés au décès toutes causes confondues avec un risque global multiplié par 3 et donc à une durée de vie plus courte ;
- « en pratique », un jeune de 18 ans souffrant d’un trouble psychiatrique a une espérance de vie réduite d’environ 10 ans vs une personne du même âge exempte de ces troubles ;
- jusqu’à 40 ans environ, la mort cardiaque subite explique environ 13 % de la réduction de la longévité.
S’il s’agit d’une étude d’observation, l’association entre les troubles de santé mentale et la mort subite d’origine cardiaque même après ajustement pour les facteurs de confusion possibles « suggère que les comorbidités, telles que les maladies cardiovasculaires, ne sont pas les seuls médiateurs contribuant à ce risque plus élevé de mort subite cardiaque.
Enfin, les auteurs notent que la mort subite cardiaque est précédée de symptômes chez environ la moitié des personnes concernées. Si ces symptômes sont pris en charge rapidement, cela se traduit par une survie 5 fois plus élevée après un arrêt cardiaque. Détecter et agir sur ces symptômes chez les personnes atteintes de maladies mentales peut être encore plus difficile que dans d’autres groupes de patients, mais, dans un avenir pas si lointain, l’IA pourrait permettre d’identifier les patients les plus à risque.
Source: Heart 22 Oct, 2024 DOI : 10.1136/heartjnl-2024-324092 Nationwide burden of sudden cardiac death among patients with a psychiatric disorder
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