Cette recherche du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH, Toronto), un institut à la pointe de la recherche et des soins cliniques pour les jeunes souffrant de psychose, suggère de nouvelles cibles possibles pour optimiser la prévention et l’identification précoce des troubles psychotiques. Entre autres marqueurs, l’étude, publiée dans le JAMA Network Open, révèle que près de 75 % des jeunes Canadiens souffrant d'un trouble psychotique ont au moins consulté une fois, dans les 3 ans précédant le premier diagnostic.
Mais ce n’est pas tout, c’est un recours global passé aux services de santé qui prédit ce diagnostic de troubles psychotiques, des caractéristiques qui pourraient permettre à partir des données enregistrées dans les dossiers patients, de disposer d’une alerte systématique sur le risque possible de trouble psychotique.
L'étude de cohorte rétrospective, l'une des plus importantes du genre jamais menées sur le sujet, soit auprès de plus de de 10.000 participants jeunes adultes ayant reçu un premier diagnostic de trouble psychotique – comparés à des témoins ayant reçu un diagnostic de trouble de l’humeur, révèle ainsi que les jeunes atteints d'un trouble psychotique, sont près de :
- 4 fois plus susceptibles d'avoir déjà été admis à l'hôpital pour des raisons de santé mentale,
- 2 fois plus susceptibles de s’être rendus aux Urgences pour des raisons de santé mentale ;
- plus susceptibles d'avoir déjà reçu un diagnostic de trouble lié à l'usage de substances.
« Prises ensemble, ces différentes données, consignées dans le dossier du patient peuvent indiquer un risque accru de trouble psychotique »,
résume l’un des auteurs principaux, le Dr Nicole Kozloff, codirectrice du Centre familial pour jeunes en transition du CAMH : « Ces résultats sont remarquablement cohérents avec ceux d'autres organisations prenant en charge ces patients et appellent à de nouvelles recherches sur la détection précoce de la maladie psychotique ».
« Les personnes à risque de psychose se cachent à la vue de tous ».
Ces premiers résultats ont inspiré le lancement de l’étude de cohorte Toronto Adolescent & Youth (TAY) à CAMH, une étude sur 5 ans qui suit 1.500 enfants et jeunes adultes se présentant en services de santé mentale, l’objectif étant de préciser encore cette signature du risque de psychose et de permettre ainsi une intervention plus précoce.
Source: JAMA Psychiatry 18 June, 2024 DOI: 10.1001/jamapsychiatry.2024.1467 Mental Health Service Use Before First Diagnosis of a Psychotic Disorder
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