Alors que les études se suivent pour recommander la pratique de l’exercice et rappeler les recommandations*, cette étude de l’Inserm alerte sur l’excès de pratique et ses effets néfastes, en particulier sur la capacité cérébrale et le contrôle cognitif. Cette étude de suivi de 37 triathlètes décrit le syndrome de surentraînement équivalent au syndrome de surmenage qui touche de nombreuses personnes dans différents secteurs professionnels. Des conclusions, documentées dans la revue Current Biology, qui mettent en garde contre cette fatigue physique mais aussi cognitive, qui s’explique par une augmentation de l’énergie nécessaire à la mobilisation du cortex préfrontal.
*Les recommandations de pratique de l’exercice physique sont, par semaine, 150 minutes d’activité d’endurance d’intensité modérée ou au moins 75 minutes d’activité d’endurance d’intensité soutenue, ou une combinaison équivalente d’activité d’intensité modérée et soutenue. Mais très au-delà et notamment chez les athlètes de haut niveau, une activité physique excessive peut être nocive, révèle cette étude centrée sur le syndrome de surentraînement et ses symptômes, une fatigue importante, une réduction des performances sportives et une baisse du contrôle cognitif. Et dans les cas plus sévères, des modifications cardiaques et endocriniennes, et des symptômes associés à la dépression, tels que l'apathie, l'irritabilité, l'agitation, l'insomnie ou la perte d'appétit.
Le surentraînement induit des effets opposés aux effets escomptés
La fatigue liée au surentraînement est-elle similaire à celle provoquée par un effort mental démesuré ? On pense, écrivent les chercheurs dans leur communiqué, « qu'elle est liée aux mêmes mécanismes cérébraux« . Pour vérifier cette hypothèse, l'équipe a suivi durant 9 semaines 37 triathlètes, répartis en 2 groupes, un groupe d’entraînement de haut niveau habituel, un groupe d’entraînement avec des sessions de 40% plus longues en moyenne. Les participants ont tous été suivis par IRMf.
Des similitudes entre entraînement physique intensif et travail mental excessif. L’IRMf montre que l’entraînement physique excessif entraîne une réduction de l'activité du cortex préfrontal latéral, une zone impliquée dans le contrôle cognitif et cette réduction est comparable à celle observée lors d'un effort mental intensif. Les chercheurs suggèrent ainsi un mécanisme neuronal à la base de ces effets : l’excès d’entraînement induit une fatigue dans le système de contrôle cognitif. Cette réduction de l'activité cérébrale s‘avère associée à une prise de décision impulsive, avec priorité donnée à la récompense ou au résultat à court terme. Chez les athlètes de haut niveau, cet effet d’impulsivité peut même entraîner une décision d’abandon.
Alors que fatigue et perte de contrôle cognitifs caractérisent aussi le surmenage observé en santé au travail, les auteurs rappellent l'importance de développer et de mettre en oeuvre des interventions qui préviennent ces formes d’épuisement, tant en milieu sportif que professionnel.
Source: Current September 26, 2019 DOI: 10.1016/j.cub.2019.08.054 Biology Neuro-computational Impact of Physical Training Overload on Economic Decision-Making