L’exposition in utero à des substances chimiques couramment présentes dans les produits de consommation est liée à un QI plus faible chez les enfants à l'âge de 7 ans, conclut cette équipe de l’Icahn School of Medicine de Mount Sinai (New York) et de l'Université de Karlstad (Suède). Cette étude, publiée dans la revue Environment International est parmi les premières à examiner les mélanges chimiques prénatals susceptibles de perturber le système endocrinien et le développement neurologique de l’enfant.
Les scientifiques mesurent ici 26 produits chimiques dans le sang et l'urine de 718 mères au cours du premier trimestre de leur grossesse, dans le cadre de l’étude SELMA (Swedish mothers and children). Les produits chimiques mesurés comprennent le bisphénol A (BPA), présent dans les contenants en plastique pour aliments et boissons, ainsi que les pesticides, les phtalates et d'autres substances chimiques présentes dans les produits de grande consommation. Certains de ces composés sont déjà connus pour perturber l'activité endocrinienne (ou hormonale) chez l'Homme, et d’autres chez l'animal.
Cette exposition in utero peut influer sur les résultats de santé à vie
Les chercheurs ont suivi les enfants jusqu’à l'âge de 7 ans et ont découvert que les scores de QI étaient plus faibles ceux dont la mère présentait des concentrations plus élevées de substances chimiques dans leur système.
- Les garçons semblent plus particulièrement touchés, avec une réduction du QI de 2 points ;
- il est également à noter que le bisphénol F (BPF), un composé de substitution du BPA, contribue le plus fortement à cette réduction du QI chez les enfants. Ce dernier point alerte sur ces composés de substitution, dont les effets sont généralement encore mal connus et qui peuvent en réalité être encore plus néfaste que le composé qu’ils viennent remplacer ;
- le pesticide chloropyrifos est également préoccupant, tout comme les perfluoroalkyles (PFAS), présents dans les produits de nettoyage;
- le triclosan, un produit chimique présent dans les savons antibactériens ;
- les phtalates bien sûr, qui se trouvent dans certains plastiques et cosmétiques.
La plupart de ces produits chimiques restent dans le corps peu de temps, ce qui signifie que même une exposition à court terme peut être préjudiciable.
L'exposition à ces mélanges chimiques peut affecter le développement du cerveau : ces produits chimiques interfèrent avec l'activité des hormones, même à de faibles niveaux. De précédentes études ont établi un lien entre de nombreux perturbateurs endocriniens, dont les phtalates et le BPA, et des problèmes de développement neurologique chez les enfants. Certains de ces produits chimiques traversent le placenta pendant la grossesse, exposant le fœtus et causant des dommages irréversibles au développement. Cette exposition pendant les périodes critiques du développement fœtal peut influer sur les résultats de santé à vie.
Protéger les femmes enceintes de ces expositions : si l’étude n'a évalué l'exposition qu'à un seul point au début de la grossesse, s’il est donc nécessaire de poursuivre les recherches pour comprendre en quoi les expositions tout au long de la grossesse et de l'enfance peuvent influer sur les résultats, il est néanmoins essentiel de prévenir les expositions des femmes enceintes ou des femmes en âge de conception, alertent à nouveau les chercheurs.
« Cette étude est importante car la plupart des recherches évaluent un produit chimique à la fois; cependant, nous sommes exposés à plusieurs produits chimiques en même temps, et ces expositions combinées peuvent être nocives même lorsque chaque substance est à faible niveau », relève le Dr Eva Tanner, du département de médecine environnementale et de santé publique de l'Institut Icahn.
Source: Environment International Oct, 2019 Early Prenatal Exposure to Suspected Endocrine Disruptor Mixtures is Associated with Lower IQ at Age Seven (In Press) via Eurekalert (AAAS) 24-Oct-2019 Chemicals in consumer products during early pregnancy related to lower IQ