Alors que le nombre de personnes atteintes par la maladie, avec le vieillissement des populations, pourrait dépasser les 150 millions à l’horizon 2050, qu’il n’existe aujourd’hui aucun traitement curatif pour la maladie, la piste ouverte par cette équipe de l’Université de l'Alberta mérite d’être suivie : une protéine du cerveau, CD33, sous une version spécifique, semble en effet protéger contre la maladie. Ces recherches présentées dans la revue Communications Biology, ouvrent la possibilité, en reproduisant ce processus par manipulation génétique de CD33, « d’inciter » la microglie à nettoyer les plaques neurodégénératives qui s’accumulent dans le cerveau et à freiner ainsi voire inverser la neurodégénérescence.
La recherche montre que les globules blancs dans le cerveau humain sont régulés par cette protéine, appelée CD33, un récepteur immunomodulateur lié à la sensibilité à la maladie d'Alzheimer, car la protéine régule la phagocytose (ou l’élimination de certains déchets) dans la microglie. Or ces cellules immunitaires du cerveau appelées « microglies » jouent un rôle essentiel dans la maladie d'Alzheimer, explique l’auteur principal, Matthew Macauley, professeur de chimie à Alberta, avec des fonctions à la fois nocives ou protectrices.
Cibler CD33 pour inciter la microglie à nettoyer la plaque
Un nombre croissant de preuves implique la protéine CD33 dans le contrôle de la fonction des cellules microgliales dans le cerveau. Des études d'association pangénomique ont ainsi révélé qu'un polymorphisme nucléotidique unique (SNP) au sein du gène CD33 est corrélé à la sensibilité à la maladie d'Alzheimer. Mais il existe aussi un allèle protecteur de CD33 plus rare qui confère à ses porteurs une protection contre la maladie : les sujets qui portent une seule copie de cette allèle rare CD33 sont statistiquement moins susceptibles de développer la maladie, 2 copies étant encore plus protectrices.
Ainsi, sous cette version, le gène CD33 réduit le risque de développer la maladie. Si moins de 10% de la population possède cette version protectrice de CD33, cette version de CD33 est bien un facteur de réduction du risque. Les chercheurs font alors une seconde hypothèse : le fait que CD33 soit présente dans la microglie suggère que ces cellules immunitaires pourraient exercer un rôle protecteur -lié à CD33- contre la maladie d'Alzheimer, à condition « d’avoir la bonne version ». En configurant génétiquement CD33 dans la microglie, il apparaît donc possible de relancer ou d’accroître le processus de phagocytose ou de nettoyage des plaques neurodégénératives. C’est donc une nouvelle piste thérapeutique possible.
Relancer la phagocytose pour nettoyer le cerveau : les chercheurs décrivent ici les manipulations génétiques de l'expression de CD33 dans des cultures de cellules et sur la microglie de souris qui permettraient de relancer la phagocytose et lutter contre l'accumulation de plaque.
Ainsi ces recherches encore expérimentales laissent espérer que cibler CD33 pourrait faire basculer la microglie vers une fonction protectrice et apporter une nouvelle clé, intrinsèque, pour prévenir ou traiter la maladie.
Source: Communications Biology 03 December 2019 Repression of phagocytosis by human CD33 is not conserved with mouse CD33
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