Le rythme circadien est l'un des facteurs les plus influents sur la santé humaine et la lumière, qui participe à le réguler n'est pas nécessairement bonne ou mauvaise en soi. A partir de ce constat, cette équipe de l’Université d'Arizona envisage la lumière bleue, dans ces travaux présentés dans la revue Neurobiology of Disease, ici pour optimiser la guérison des lésions cérébrales traumatiques légères, via un sommeil plus réparateur.
L’équipe décrit ici une thérapie par exposition à la lumière bleue tôt le matin pour accélérer ce processus de guérison : le principe est que l'exposition quotidienne à la lumière bleue chaque matin relance le rythme circadien et favorise ainsi un sommeil plus régulier et plus réparateur.
En ce qui concerne la lumière, le timing est critique
Les lésions cérébrales traumatiques légères, ou commotions cérébrales, sont fréquentes chez les militaires et peuvent même se développer à la suite d’exposition à des explosions en raison des ondes de choc qui induisent une pression dans le cerveau, causant des dommages microscopiques aux vaisseaux sanguins et aux tissus cérébraux. « Pendant cet impact, les cellules cérébrales microscopiques plus minces qu'une mèche de cheveux peuvent facilement s'étirer et se déchirer ». Ces travaux intéressent donc l’armée mais pas seulement. Ces lésions sont également plus largement la conséquence de chutes, d’accidents y compris durant la pratique sportive.
Les troubles du sommeil constituent un symptôme fréquent des lésions cérébrales traumatiques même légères, touchant une personne victime sur 2. D’autres symptômes fréquents sont la vision d’étoiles, une désorientation, une perte de connaissance, des maux de tête et des problèmes d'attention qui peuvent persister pendant des semaines ou des mois pour certaines personnes.
Enfin, il n’existe pas ou peu de traitements efficaces et il existe donc un besoin d’alternatives thérapeutiques.
Le cerveau se répare pendant le sommeil : l’équipe a donc regardé si l'amélioration du sommeil conduisait à une récupération plus rapide des commotions cérébrales et comment il était possible d’induire rapidement cette amélioration du sommeil. L’essai clinique randomisé est mené chez des adultes victimes de lésion cérébrale traumatique légère (mTBI : mild traumatic brain injury).
Un groupe de participants a été invité à utiliser un dispositif de diffusion de lumière bleue (longueur d'onde de 469 nm) 30 minutes au réveil tôt, chaque matin et durant 6 semaines. L’objectif étant de « recaler » l'horloge biologique, la lumière bleue supprimant la production cérébrale de mélatonine associée au sommeil. Ainsi, cette exposition le matin à la lumière bleue permet de remettre à l'heure l'horloge de sorte que le soir, la mélatonine se déclenche plus tôt et favorise l’endormissement.
Le groupe témoin était exposé à une lumière ambrée.
L’expérience montre qu’à la suite de l’exposition à la lumière bleue, les participants du groupe d’intervention,
- s’endorment et se réveillent en moyenne une heure plus tôt ;
- sont moins somnolents pendant la journée ;
- améliorent leur vitesse et leur efficacité de traitement cognitif ;
- présentent une augmentation du volume du noyau pulvinaire, une zone du cerveau responsable de l'attention visuelle ;
- un renforcement des connexions neuronales et du flux de communication entre le noyau pulvinaire et d'autres zones du cerveau qui stimulent la vigilance et la cognition.
Explication : en favorisant un meilleur sommeil et un meilleur alignement circadien, les différentes zones cérébrales communiquent plus efficacement les unes avec les autres ce qui permet une amélioration de la cognition et une réduction de la somnolence diurne. « Cette amélioration du sommeil se traduit par des améliorations de la fonction cognitive, une réduction de la somnolence diurne et une meilleure réparation du cerveau », commente l’auteur principal, le Dr William D. « Scott » Killgore, professeur de psychiatrie au College Tucson de l’Université d'Arizona.
La lumière bleue des ordinateurs, des smartphones et des écrans de télévision lui apporte, à raison, une image de facteur environnemental très néfaste à la santé. Cependant, la lumière bleue peut également donner lieu à une luminothérapie efficace : « en ce qui concerne la lumière, le timing est critique. La lumière n'est pas nécessairement bonne ou mauvaise en soi », soulignent les chercheurs.
« C’est comme la caféine, tout dépend de votre utilisation ».
Source: Neurobiology of Disease February 2020 A randomized, double-blind, placebo-controlled trial of blue wavelength light exposure on sleep and recovery of brain structure, function, and cognition following mild traumatic brain injury (Visuel William)