Cette recherche de neuroscientifiques de l’Université de Californie – Riverside nous permet de mieux comprendre comment le cerveau se concentre et parvient à s'abstraire de toute distraction. Menée sur la souris et publiée dans le Journal of Neuroscience, la recherche a des implications pour le traitement de nombreuses maladies neuropsychiatriques telles que le TDAH et la schizophrénie.
Au cours de l’accomplissement de la plupart des tâches, nous sommes distraits ou exposés à des stimuli distrayants. Alors comment le cerveau filtre-t-il ces stimuli distracteurs pour nous permettre de nous concentrer sur la tâche à accomplir ? Cette recherche qui décrypte une bonne partie du processus qui permet la concentration et réduit l'impulsivité, nous apporte une première réponse.
Les réponses aux stimuli de distraction sont bloquées au niveau du néocortex
Les chercheurs ont pu localiser chez des souris, la zone précise du cerveau où sont bloqués ces stimuli distrayants, de manière à ce que le cerveau ne puisse les traiter, et reste concentré sur la tâche à achever. L’équipe d’Edward Zagha a formé des souris à une tâche de détection sensorielle avec des stimuli associés à la cible et des stimuli « perturbateurs ». Les souris ont donc appris à répondre aux stimuli cibles et à ignorer les stimuli de distraction. A l’aide d’une nouvelle technique d'imagerie cérébrale, les scientifiques parviennent à situer, dans le cerveau des souris, la zone précise, définie comme « au-delà du cortex sensoriel », au niveau de laquelle les signaux distracteurs sont bloqués et où leur transmission vers le cortex est coupée.
Stoppés net les signaux distracteurs ne déclenchent aucune réponse motrice.
Le néocortex est la couche externe du cerveau. Composé de matière grise repliée, le cortex joue un rôle important dans la conscience. Le cortex est la plus grande partie du cerveau, elle comprend des régions sensorielles et motrices. Enfin, le cortex est le centre de contrôle et de traitement de l'information et est responsable de fonctions telles que la sensation, la perception, la mémoire, l'attention, le langage et les fonctions motrices avancées.
C’est précisément dans le néocortex, la partie du cortex cérébral impliquée dans le traitement sensoriel précoce, que ces signaux sont bloqués. Les chercheurs observent que les réponses aux stimuli de distraction atteignent ce premier relais dans le néocortex, puis sont empêchés de se propager davantage dans le cortex.
2 troubles neuropsychiatriqures majeurs sont caractérisés par un dysfonctionnement du contrôle des impulsions : lors de futures recherches, l’équipe envisage d'identifier les mécanismes neuronaux spécifiques qui empêchent la propagation des signaux de distraction, à partir de cette première région corticale. La localisation de cette zone de blocage ou « de concentration » a néanmoins des implications importantes pour la compréhension et le traitement des maladies neuropsychiatriques telles que le trouble d'hyperactivité avec déficit de l'attention (TDAH) et la schizophrénie. Les chercheurs se disent ici convaincus que les circuits neuronaux sous-jacents à la sélection sensorielle et au contrôle des impulsions sont les circuits mêmes qui sont altérés dans ces troubles neuropsychiatriques.
« Maintenant, nous savons exactement où chercher dans le cerveau, et nous allons poursuivre nos recherches. Nous savons que lorsque quelqu'un est très distrait, son cortex ne déploie pas suffisamment les signaux intentionnels nécessaires pour empêcher les stimuli distracteurs de se propager dans la mémoire de travail. Mieux nous comprenons ces circuits, mieux nous pourrons concevoir des traitements ciblés pour réduire l'impulsivité dans ces troubles ».
Source: The Journal of Neuroscience 8 July 2020 DOI: 10.1523/JNEUROSCI.2993-19.2020 Functional localization of an attenuating filter within cortex for a selective detection task in mice
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