Certains accidents vasculaires cérébraux pourraient en effet être liés à la combinaison mortelle de ces 2 virus transmis par les moustiques, révèle cette équipe de l’Université de Liverpool. Ces travaux, publiés dans le Lancet Neurology montrent que si chaque virus induit toute une gamme de problèmes neurologiques, Zika est particulièrement susceptible de provoquer le syndrome de Guillain-Barré, le chikungunya plus susceptible de provoquer une encéphalite et une myélite, et les 2 ensemble peuvent déclencher l’accident vasculaire cérébral.
Les chercheurs de Liverpool qui ont travaillé avec des collègues brésiliens ont étudié de près ces liens entre les maladies neurologiques et l'infection par les virus Zika et chikungunya. Ces virus, qui circulent principalement sous les tropiques, provoquent d'importantes épidémies d'éruptions cutanées et de fièvre. Zika est mieux connu pour causer des lésions cérébrales chez les bébés après une infection pendant la grossesse, cependant cette nouvelle recherche montre qu'il peut également causer des maladies du système nerveux chez l’adulte.
Les effets neurologiques possibles d'une infection virale
L’étude a suivi 201 adultes diagnostiqués de maladie neurologique d'apparition récente au cours des épidémies de Zika (2015) et de chikungunya (2016) au Brésil. Sur les 201 patients admis avec une suspicion de maladie neurologique liée au Zika, au chikungunya ou aux deux, 148 avaient une confirmation de l'infection par des tests de laboratoire, dont environ un tiers avaient une infection par plus d'un virus. C’est donc l’étude la plus importante jamais réalisée sur les caractéristiques et conséquences neurologiques de l'infection à plusieurs arbovirus circulant simultanément. Cette analyse révèle que chaque virus peut causer tout un spectre de troubles neurologiques, Zika étant plus fréquemment à l’origine du syndrome de Guillain-Barré, le chikungunya d’inflammation du cerveau (encéphalite) et de la moelle épinière (myélite).
L’AVC plus susceptible de se produire chez les patients infectés par les 2 virus à la fois : c’est la grande découverte de cette étude, qui montre que si le risque d'accident vasculaire cérébral est déjà documenté comme augmenté après certains types d'infection virale (dont COVID-19), ce risque est tout particulièrement élevé avec une co-infection Zika et chikungunya. Parmi les participants ayant subi un AVC, âgés en moyenne de 67 ans, environ les deux tiers avaient une infection par « plus d'un virus ». Les auteurs précisent néanmoins que de nombreux participants qui ont eu un AVC présentaient d'autres facteurs de risque dont l’HTA, ce qui suggère que l'AVC après une infection virale à Zika et au chikungunya est plus souvent observée chez des patients à risque préexistant.
Infections virales et complications neuroliques : l'infection à Zika provoque le plus souvent un syndrome d'éruption cutanée et de fièvre sans beaucoup de conséquences à long terme, mais les complications neurologiques – bien que rares – peuvent nécessiter des soins intensifs à l'hôpital, entraîner une invalidité voire le décès, rappelle l’auteur principal, le Dr Maria Lúcia Brito Ferreira, neurologue et chef de service à l'hôpital da Restauração (Brésil).
Le Dr Suzannah Lant, chercheur clinique à l'Université de Liverpool, co-auteur de l'étude conclut : « notre étude met en évidence les effets possibles d'une infection virale sur le cerveau, avec des complications comme l’AVC. C’est pertinent pour Zika et le chikungunya, mais aussi pour d'autres virus, comme le COVID-19, de plus en plus documenté comme lié à des complications neurologiques ».
Enfin l’étude sensibilise à nouveau et aussi à Zika et au chikungunya, alors que l'attention du monde se concentre sur le COVID-19. Avec des implications importantes pour la surveillance et la prise en charge neurologiques des patients atteints de formres sévères d'une infection virale.
Source: The Lancet Neurology October, 2020DOI:https://doi.org/10.1016/S1474-4422(20)30232-5 Neurological disease in adults with Zika and chikungunya virus infection in Northeast Brazil: a prospective observational study
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