De nombreuses personnes atteintes de trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH) pensent que le cannabis va permettre de réduire leurs symptômes. Alors comment le cannabis affecte-t-il le développement et le fonctionnement du cerveau chez les jeunes adultes atteints de TDAH ? Cette revue de la littérature, proposée dans la Harvard Review of Psychiatry ne conclut pas vraiment. Les preuves restent trop limitées à la fois sur les bénéfices et sur les effets indésirables du cannabis sur le développement ou le fonctionnement du cerveau chez ce groupe de jeunes patients.
Le TDAH est défini sur un plan clinique comme un trouble du fonctionnement cognitif, or la consommation de cannabis peut également être associée à des troubles cognitifs, en particulier au cours de la fenêtre de développement du cerveau : « La preuve à ce jour ne soutient clairement ni un effet addictif ni un impact, protecteur ou nocif du cannabis », résume le Dr Philip B. Cawkwell, de l'Université de Stanford. Les chercheurs soulignent la nécessité de poursuivre les recherches pour clarifier les effets possibles du cannabis sur la structure, la fonction et l’évolution du cerveau chez les jeunes atteints de TDAH.
Un besoin urgent de recherche sur les effets du cannabis contre l’hyperactivité
Les études se multiplient sur les bénéfices possibles du cannabis, en particulier de son agent non psychoactif, le cannabidiol. La tendance est à la légalisation de ces substances qui deviennent de plus en plus facilement accessibles et de plus en plus largement utilisées.
Environ un quart des adolescents qui souffrent de TDAH souffrent également de troubles liés à l’usage de substances et une grande partie d’entre eux consomment du cannabis. Les auteurs précisent que
- ces jeunes adultes et adolescents atteints de TDAH sont 6 fois plus susceptibles d'être dépendants d’une substance ou alcooliques ;
- nombreux sont les patients atteints de TDAH qui pensent que le cannabis permet de réduire leurs symptômes ;
- enfin, les études suggèrent que les jeunes atteints de TDAH pourraient être particulièrement vulnérables aux effets sur la fonction cognitive du cannabis.
La revue systématique n'identifie que 11 études évaluant tous types de résultats neurodéveloppementaux chez les adolescents ou les jeunes adultes atteints de TDAH qui consommaient du cannabis apporte tout de même quelques conclusions :
- Parmi ces études, 7 menées par neuroimagerie chez les jeunes patients atteints de TDAH, révèlent des différences significatives dans la structure du cerveau chez les consommateurs de cannabis : parmi ces différences,
- une diminution de l'épaisseur dans les zones impliquées dans les fonctions motrices et sensorielles une augmentation de l'épaisseur dans les zones impliquées dans le système de récompense du cerveau telles que le noyau gauche accumbens. Si ces données doivent être « considérées » avec prudence, elles suggèrent des effets structurels du cannabis sur le cerveau encore en développement, chez ce groupe de patients ;
- certaines études d'imagerie signalent des différences cognitives spécifiques aux consommateurs de cannabis atteints de TDAH, dans la performance à effectuer des tâches courantes ;
- d’autres études relèvent une densité réduite de transporteurs de dopamine, ce qui affecte en pratique la disponibilité de la dopamine, un neurotransmetteur clé dans le système de récompense ;
- 4 études basées sur des résultats de tests neuropsychologiques chez des jeunes atteints de TDAH, montre que la consommation de cannabis est associée à une altération des performances aux tests d'attention soutenue ;
aucune interaction significative et claire n’est constatée entre la sévérité du TDAH et la consommation de cannabis.
Ainsi, cette méta-analyse suggère plutôt que chez ce groupe de jeunes patients atteints de TDAH, la consommation de cannabis présente plutôt des effets indésirables sur la cognition tels que mesurés par des tests de tâches neuropsychologiques. Aucune étude n'identifie un impact clair et différentiel de la consommation de cannabis sur la sévérité des symptômes de TDAH.
L'absence d'impact n'est pas démontrée : les chercheurs concluent donc à un nombre trop limité d'études à ce jour, plutôt qu'au un véritable manque d'impact et appellent à mener des recherches supplémentaires.
L’étude apporte tout de même de premières réponses sur des changements de structure cérébrale et de performance cognitive possibles.
Source: Harvard Review of Psychiatry June 16, 2021 DOI : 10.1097/HRP.0000000000000303 Neurodevelopmental Effects of Cannabis Use in Adolescents and Emerging Adults with ADHD
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