Plus de 6% des Européens souffrent de dépression, conclut ce très large état des lieux européen sur la prévalence de la dépression. L’étude, menée dans 27 pays européens par des chercheurs du King's College de Londres et de l’Hospital del Mar Medical Research Institute (IMIM) évalue la prévalence de la dépression à des niveaux très supérieurs de ceux estimés pour l'Europe, par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), soit 4,2%. Un signal d’alarme en Santé publique et mentale, la dépression étant l'une des principales causes d'invalidité, de décès prématuré, de réduction de la qualité de vie et un lourd fardeau pour les systèmes de santé.
D’autant que ces données ont été recueillies avant la crise sanitaire du COVID et que depuis de nombreuses études ont suggéré des pics de dépression, en particulier chez les jeunes et chez les femmes enceintes. Il s’agit en effet de l’analyse des données de la 2è vague de l'enquête européenne sur la santé menée auprès de 258.888 participants de 27 pays européens, à l'exclusion de l'Espagne, de la Belgique et des Pays-Bas, pour des raisons méthodologiques.
Plus de 300 millions de personnes seraient actuellement touchées dans le monde.
La prévalence de la dépression a été calculée à l'aide d'une échelle à 8 items (PHQ-8) qui évalue la présence et l'intensité des symptômes dépressifs- excluant les pensées suicidaires-, et qui est utilisée en pratique clinique pour le diagnostic. L’analyse constate :
- une prévalence générale de la dépression de 6,4% ;
- chez les femmes représentant 52,2 % des répondants, une prévalence de 7,7 % ;
- chez les hommes, de 4,9 % : cette différence marquée entre les sexes se retrouve dans presque tous les pays, à l'exception de la Finlande et de la Croatie ;
- des différences majeures sont confirmées entre les pays, les taux de prévalence étant jusqu'à 4 fois plus élevés dans les pays économiquement plus développés :
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les pays les plus riches présentent un taux de prévalence plus élevé
relève ainsi, l’auteur principal, le Dr Jorge Arias-de Torre, du département de psychologie médicale du King's College de Londres, « ce qui semble surprenant, ces pays ayant des ressources de santé bien supérieures à d'autres pays moins développés économiquement ». Ainsi,
- les pays avec la prévalence la plus élevée sont l'Islande (10,3%), le Luxembourg (9,7%), l'Allemagne (9,2%) et le Portugal (9,2%) ;
- la France « arrive » ensuite avec un taux de prévalence supérieur à 7% ;
- les pays avec la prévalence la moins élevée sont la République tchèque (2,6 %), la Slovaquie (2,6 %), la Lituanie (3 %) et la Croatie (3,2%) ;
- en termes de groupes de population, les groupes les plus touchés sont les personnes âgées, non nées dans l'Union européenne, vivant dans des zones densément peuplées, avec des maladies chroniques et peu d'activité physique, et des niveaux d'étude et de revenus inférieurs.
Cette étude est l'une des plus larges en Europe à ce jour et elle permet de suivre les variations de prévalence entre les pays. Ces données devraient inciter à organiser en conséquence les services de santé et de surveiller les tendances. « Des stratégies de dépistage en soins primaires pourraient être bénéfiques car permettant un traitement plus précoce , une réduction des coûts et de la charge de la maladie sur les systèmes de santé ».
Suivre l'évolution de la prévalence de la dépression est donc un enjeu prioritaire, en particulier après cette crise sanitaire. L’équipe va donc maintenant évaluer l'impact de la pandémie de COVID-19.
Source: The Lancet Public Health May 04, 2021 DOI: 10.1016/S2468-2667(21)00047-5 Prevalence and variability of current depressive disorder in 27 European countries: a population-based study
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