Environ un tiers des patients dépressifs ne répondent pas aux antidépresseurs ISRS, mais le résultat est un peu différent lorsqu’il s’agit de patients ayant eu le COVID-19. 91 % de ces patients souffrant de dépression post-COVID répondent en effet au traitement dans les 4 semaines. Ainsi, ces patients COVID qui développent des symptômes de dépression en raison de facteurs directement associés à l’infection COVID-19, répondent, dans l’ensemble, 2 fois mieux aux antidépresseurs, que les patients atteints de dépression majeure, toutes causes confondues, conclut cette équipe de psychiatres et de neurobiologistes de l’Université de San Raffaele de Milan. Ces travaux, présentés à la Conférence annuelle 2021 du Collège Européen de Neuropsychopharmacologie et à paraître dans la revue European Neuropsychopharmacology, laissent espérer une récupération mentale plus rapide, en population générale, après le stress de la pandémie.
De nombreuses études ont évalué l’augmentation significative des problèmes de santé mentale liée à la pandémie de COVID-19, avec certains groupes d’âge ou de population plus fortement touchés comme les jeunes ou les personnes de foyers plus défavorisés. Cette étude pilote montre que les personnes qui ont développé ces symptômes en raison de la pandémie, répondent mieux aux traitements antidépresseurs que les personnes qui n’ont pas eu le COVID.
40% des patients COVID-19 développent une dépression dans les 6 mois
Il a été suggéré que l’inflammation causée par COVID est le principal facteur de développement de la dépression. Cette recherche conclut que :
- 90 % des patients COVID, ayant développé une dépression, répondent aux inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), un taux bien élevé que le taux constaté chez d’autres types de patients atteints de dépression.
L’étude pilote a suivi 58 patients ayant développé une dépression post-COVID, traités avec des ISRS (sertraline, paroxétine, fluvoxamine ou citalopram). L’équipe constate que 91 % des personnes souffrant de dépression post-COVID répondent au traitement dans les 4 semaines (cette réponse étant matérialisée par une réduction du score de 50 % sur l’échelle Hamilton Depression Rating Scale).
L’auteur principal, le Dr Mario Mazza de l’Université San Raffaele (Milan) résume ces conclusions de manière positive : « maintenant, nous savons que les patients qui ont eu le COVID ont de meilleures chances de gérer leur dépression ».
Certes, il s’agit d’une petite étude pilote, mais elle indique que la dépression post-COVID est traitable. En cela, elle peut guider les cliniciens et redonner espoir aux patients.
« Compte-tenu des propriétés anti-inflammatoires et antivirales des ISRS,
nous faisons l’hypothèse que la dépression post-COVID déclenchée par une infection et entretenue par une inflammation systémique liée à l’infection peut ainsi tout particulièrement bénéficier d’un traitement antidépresseur ».
L’équipe prépare déjà le lancement d’un essai à plus grande échelle pour vérifier également si les ISRS pourraient présenter une efficacité contre d’autres symptômes post-COVID, tels que les troubles cognitifs et la fatigue et préciser comment ils pourraient être utilisés à bon escient dans la gestion des COVID longs.
Source: European Neuropsychopharmacology Oct, 2021 (In Press) Rapid response to selective serotonin reuptake inhibitors in post-COVID depression et 34th ECNP (European College of Neuropsychopharmacology) Annual conference 2-5 Oct, 2021 4-Oct-2021 Depressed COVID patients respond better than expected to antidepressants
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