Ce n’est pas la première recherche à démontrer que les processus nociceptifs diffèrent chez les hommes et chez les femmes. En d’autres termes, les hommes et les femmes traitent différemment les signaux de douleur. Cependant, cette nouvelle étude menée par une équipe de l'Hôpital d'Ottawa (Ontario) montre pour la première fois une différence de traitement au niveau des neurones de la moelle épinière. Ces travaux, menés chez l’animal et publiés dans la revue Brain, pourraient conduire à des traitements mieux personnalisés pour la douleur chronique, en particulier regard de la crise actuelle des opioïdes.
On sait depuis longtemps que les femmes et les hommes ressentent la douleur différemment, pourtant la plupart des recherches menées sur la douleur chronique utilisent des souris mâles. Une étude de l’Université du Texas avaient ainsi déjà documenté dans le Journal of Neuroscience, des différences bien spécifiques de processus sous-jacent à la douleur, chez les souris femelles et chez les souris mâles. Cependant cette nouvelle recherche avance dans la compréhension de ces différences grâce à l’analyse de tissus de moelle épinière de souris femelles et mâles et de moelle épinière d’humains issue d’études d’autopsie.
Le rôle clé du BDNF
Cet examen en laboratoire de la moelle épinière révèle le rôle clé d’un facteur de croissance neuronal, BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor) dans l'amplification de la signalisation de la douleur médullaire chez les hommes et les souris mâles, mais pas chez les femmes ou chez les souris femelles. Ainsi, chez des souris femelles privées de leurs ovaires, cette différence est éliminée, ce qui suggère un lien hormonal.
« Le développement de nouveaux analgésiques nécessite une compréhension détaillée de la façon dont la douleur est traitée au niveau biologique » , explique l’auteur principal, le Dr Annemarie Dedek, chercheur à l'Université Carleton et à l'Ottawa Hôpital.
C'est la première fois qu'une différence liée au sexe dans la signalisation de la douleur est identifiée dans le tissu de la moelle épinière humaine. Cette nouvelle découverte jette de nouvelles bases de développement de traitements permettant de mieux gérer la douleur chronique en régulant le BDNF.
Cependant d’autres recherches doivent encore comprendre comment cette différence biologique peut contribuer aux différences de sensation de douleur entre les hommes et les femmes.
Source: Brain 22 March, 2022 Brain DOI: 10.1093/brain/awab408 A sexually dimorphic neuronal mechanism of spinal hyperexcitability in rodent and human pain models
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