Il passe le plus souvent pour une dépression ou des troubles de l'humeur. Le syndrome pseudobulbaire caractérisé par une fragilité émotionnelle, se traduit, en pratique, par des rires ou des pleurs incontrôlables. Bien que sévères et perturbants, en particulier pour les interactions sociales, la condition reste trop souvent négligée ou mal comprise par les soignants. Ces experts de la Gerontological Society of America font le point dans les Insights & Implications in Gerontology sur cette maladie de « l’affect » qui débouche le plus souvent sur une forme d’isolement social.
Car ces manifestations affectives anormales sont en décalage total avec les sentiments réellement éprouvés par le patient, et sont donc disproportionnées ou inappropriées par rapport au contexte social. Elles ne sont pas non plus associées à la dépression ou à l'anxiété. « Les épisodes de rire ou de pleurs persistent pendant un certain temps et ne peuvent être ni contrôlés ni réprimés par le patient », ajoute l’auteur principal, le Dr George T. Grossberg, professeur de psychiatrie gériatrique à la Saint Louis University School of Medicine.
De l’embarras à l’isolement social
Le syndrome entraîne un embarras pour les personnes âgées, leur famille et les soignants, ce qui restreint progressivement les interactions sociales et induit le retrait et l'isolement du patient. Ainsi, les personnes âgées atteintes de syndrome pseudobulbaire voient leur qualité de vie puis leur santé progressivement et considérablement détériorées.
Le syndrome pseudobulbaire survient généralement chez les patients qui souffrent d’une lésion cérébrale ou un trouble neurologique, comme la sclérose latérale amyotrophique (SLA), la maladie de Parkinson, la sclérose en plaques (SEP), une lésion cérébrale traumatique, la maladie d'Alzheimer et d'autres démences, un accident vasculaire cérébral ou une tumeur cérébrale. La cause exacte du syndrome reste inconnue, mais il semble que la maladie ou la lésion perturbe les réseaux neuronaux et les neurotransmetteurs responsables de l'expression des émotions, en particulier dans le cervelet.
Sa prévalence : on estime que 2 à 7 millions de personnes aux États-Unis sont atteintes du syndrome pseudobulbaire. La prévalence varie parmi selon les troubles neurologiques. Le syndrome survient chez environ 10 % des patients atteints de SEP et jusqu'à 50 % des patients atteints de SLA. Bien que sa prévalence soit élevée dans de nombreuses affections neurologiques, elle est souvent sous-reconnue et sous-traitée.
Sa détection : Pour identifier les patients atteints du syndrome, il existe des tests basés sur des questions portant sur l'humeur et les émotions, et qui évaluent si les réponses à certains environnements sont hors de proportion avec ce qui serait normalement attendu. Les professionnels de santé, les proches ou les personnels de santé qui observent les patients rire ou pleurer de manière inappropriée devraient envisager de faire évaluer le patient, en particulier si le patient souffre d'une maladie neurologique ou d'une lésion cérébrale.
Son traitement a pour objectif une réduction la gravité et de la fréquence des épisodes. Les stratégies comportementales sont à privilégier. En particulier lorsque les symptômes sont légers ou n'ont pas encore d'impact sur la qualité de vie du patient. Des options pharmacologiques peuvent également être bénéfiques pour certains patients.
Les stratégies comportementales non pharmacologiques peuvent être combinées au traitement pharmacologique, avec un effet synergique bénéfique.
Source: Insights & Implications in Gerontology Aug, 2022 Understanding Pseudobulbar Affect