Cette équipe de pharmacologues et neurologues de l’Université Cornell (Ithaca, New York) décryptent les mécanismes sous-jacents des psychédéliques, des substances dont le potentiel est de plus en plus largement suggéré dans le traitement de l’anxiété et de la dépression. Ces travaux, publiés dans la revue Neuron, en révélant que ces substances excitent certaines cellules de l'hippocampe, ce qui réduit l'anxiété, apportent une nouvelle compréhension de la neurobiologie impliquée, avec l’espoir de concevoir un médicament, plus sécure que ces substances, et qui ciblerait ces voies.
Ces scientifiques travaillent, précisément à un nouveau psychédélique, assez proche du LSD, de la psilocybine et de la mescaline et observent que ce composé active un type particulier de cellules dans le cerveau qui « fait taire d'autres neurones voisins », ce qui réduit la réaction d’anxiété. Ce psychédélique nommé « DOI » (pour 2,5-diméthoxy-4-iodoamphétamine) active l'hippocampe ventral et les interneurones dits à pics rapides et parvient ici chez des souris modèles, à calmer l'anxiété.
L’auteur principal, Alex Kwan, professeur associé de génie biomédical explique que jusqu’à cette recherche « on ignorait quelles zones du cerveau et quels types de cellules sont impliqués au cours de cette action des psychédéliques de suppression de l'anxiété ».
L’étude, menée chez la souris modèle de troubles anxieux et avec ce composé psychédélique DOI, identifie ainsi
- un déclencheur cellulaire du soulagement de l’anxiété induit par les psychédéliques ;
- une voie dans l’hippocampe ventral – une structure cérébrale impliquée dans la mémoire sociale, l’émotion et l’affect –ciblée par DOI, et impliquée dans ces effets thérapeutiques des psychédéliques : notamment la réduction du SSPT, de la dépression et de l’anxiété ;
- cette voie dans l’hippocampe ventral est anormalement hyperactive, en cas de troubles anxieux ;
- chacun des sous effets du psychédélique, est même associé à un circuit cérébral distinct ;
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au « global », la substance semble agir en faisant taire certaines cellules voisines hyperactives.
Ce premier décryptage neurobiologique de ces effets anxiolytiques des psychédéliques, ouvre la possibilité de concevoir des médicaments inspirés de ces substances qui ciblent l’anxiété, mais sans provoquer d’hallucinations.
Source: Neuron 24 Sept, 2024 DOI :10.1016/j.neuron.2024.08.016 Ventral hippocampal parvalbumin interneurons gate the acute anxiolytic action of the serotonergic psychedelic
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