Des changements inexpliqués dans le taux de cholestérol permettent d’identifier les personnes âgées à risque de démence, concluent ces travaux d’une équipe australienne de l’Université Monash (Melbourne) présentés lors des American Heart Association (AHA)’s Scientific Sessions : des taux de cholestérol fluctuants d'une année sur l'autre sans changement particulier de médicament, se révèlent ainsi prédictifs d’un risque plus élevé de démence, plus tard dans la vie.
Un dépistage systématique de ces fluctuations du cholestérol apparait constituer un marqueur prédictif fiable et pourraient un jour être utilisées pour identifier les personnes à risque plus élevé de démence et nous aider à comprendre comment la démence se développe et pourrait être évitée.
L’auteur principal Zhen Zhou, chercheur à l’Université Monash ajoute : « les personnes âgées dont le taux de cholestérol fluctue indépendamment de la prise d’hypolipidémiants (statines) nécessitent une surveillance plus étroite et des interventions préventives proactives ».
L’étude a suivi durant 6 ans près de 10.000 adultes âgés de plus de 70 ans, participant à l’essai clinique randomisé appelé ASPirin in Reducing Events in the Elderly (ASPREE). L’essai avait montré que l’aspirine à faible dose n’était pas efficace pour réduire le risque de maladie cardiaque chez les adultes. Un tiers des participants, exempts de démence à l’inclusion, prenaient des médicaments hypolipidémiants et aucun des participants n’a commencé, arrêté ou changé de médicament hypolipidémiant au cours de la période de suivi. 3 mesures du cholestérol ont été utilisées pour déterminer dans quelle mesure les taux de lipides de chaque participant variaient d’une année à l’autre. L’analyse conclut que :
- les participants ayant un taux de cholestérol stable présentent un risque significativement plus faible de démence ou de déclin cognitif vs les participants dont le taux de cholestérol fluctue ;
- précisément, au cours du suivi, 509 participants ont développé une démence et 1.760 autres ont développé un déclin cognitif sans démence ;
- vs un taux de cholestérol stable, de fortes fluctuations (dans les 25 % supérieurs) du cholestérol total sont associées à une augmentation de 60 % de l’incidence de la démence et de 23 % du déclin cognitif ;
-
les fluctuations du cholestérol LDL et du cholestérol total sont associées à des baisses plus rapides des scores cognitifs,
- en particulier sur les fonctions de mémoire et de vitesse de traitement ;
- de fortes fluctuations des lipoprotéines de haute densité ou cholestérol HDL ou « bon » cholestérol ou des triglycérides ne sont pas associées à la démence ou au déclin cognitif ; les triglycérides sont le type de graisse le plus courant dans le corps, stockant l’excès d’énergie provenant des aliments.
Les chercheurs appellent à mener d’autres recherches pour mieux comprendre la relation entre la variabilité du cholestérol et le risque de démence :
Les niveaux de cholestérol variables sont-ils un véritable facteur de risque, un précurseur ou un biomarqueur du risque de démence ?
Quelles explications à ce stade ? Ces fluctuations importantes des niveaux de cholestérol total et LDL pourraient déstabiliser les plaques d’athérosclérose, principalement composées de cholestérol LDL. Cette déstabilisation augmente le risque de nouvelle plaque d’athérome, de rupture et d’obstruction ultérieure du flux sanguin dans le cerveau, ce qui peut donc avoir un impact sur la fonction cérébrale. On en revient à la santé cérébrovasculaire.
Et « si ces recherches confirmaient une relation de cause à effet, la réduction de la variabilité du cholestérol pourrait être une cible thérapeutique prometteuse pour la démence ».
Source: American Heart Association (AHA)’s Scientific Sessions 2024 11 Nov, 2024 Unexplained changes in cholesterol may help identify older adults at risk for dementia
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