Apprendre en dormant ? Oui, mais nos capacités d'apprentissage de novo sont limitées durant le sommeil à ondes lentes, suggère cette équipe de l’Université libre de Bruxelles. Notre cerveau endormi ne pourrait consolider que des associations simples et élémentaires, précisent les chercheurs, qui montrent dans les Scientific Reports et par magnétoencéphalographie que si notre cerveau endormi reste capable de percevoir de nouveaux sons, il est cependant incapable de regrouper ces sons en séquence, en fonction de leur organisation.
L'hypnopédie, ou la capacité d'apprendre pendant le sommeil est devenue une technique populaire durant les années 60 avec notamment l’hypothèse qu’il serait possible de conditionner des individus dans le sommeil à effectuer les tâches de la journée. Mais la théorie manque de preuves scientifiques fiables. Enfin, si des études plus récentes ont montré que l'acquisition d'associations élémentaires telles que la réponse réflexe-stimulus est possible pendant le sommeil, tant chez l'homme que chez l'animal, on ignore toujours si le sommeil permet des formes d'apprentissage plus sophistiquées.
Ces chercheurs du Neuroscience Institute (UNI) de Bruxelles montrent que notre cerveau est capable de continuer à percevoir les sons pendant le sommeil comme il le fait durant l’éveil ; mais incapable de reconstituer la séquence (ici de 3 sons seulement) pendant le sommeil. En enregistrant par magnétoencéphalographie l'activité cérébrale durant l'apprentissage de séries de sons, à la fois pendant le sommeil lent et pendant l'éveil, l’équipe montre que :
- les participants exposés pendant leur sommeil à des flux rapides de sons, organisés de manière aléatoire ou structurés en groupe ou série de 3 éléments sonores, montrent à l’imagerie, une détection préservée des sons isolés, mais aucune réponse reflétant le regroupement des 3 sons.
- Durant la même expérience mais éveillée, tous les participants présentent des réponses cérébrales reflétant le regroupement des sons en ensembles de 3 éléments.
Des limites importantes à l'apprentissage en dormant : les résultats de cette expérience suggèrent des limites intrinsèques importantes de l'apprentissage de novo pendant le sommeil à ondes lentes, en d’autres mots, des capacités d'apprentissage du cerveau endormi limitées à des associations simples voire élémentaires.
Il s’agit bien ici d’apprentissage « de novo », soit de nouvelles données et non de rappel de données déjà « enregistrées ».
Source: Scientific Reports 06 August 2018 Lack of frequency-tagged magnetic responses suggests statistical regularities remain undetected during NREM sleep
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