Après 20 ans environ, les études, la complexité de l’emploi et les activités intellectuelles ne joueront qu'un rôle mineur dans la capacité mentale de l’adulte, soutient cette étude de l’Université de Californie – San Diego qui suggère que les capacités cognitives générales à la fin de l’adolescence sont les meilleurs prédicteurs de de la fonction cognitive à vie. Ces travaux publiés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine ont même estimé l’impact de la capacité cognitive générale à 20 ans : elle représenterait 40% de la variance dans la même mesure à 62 ans.
Les chercheurs définissent cette capacité cognitive générale comme une mesure globale et combinée des diverses compétences impliquées dans la pensée, telles que le raisonnement, la mémoire et la perception. Ils rappellent que les études supérieures et les activités intellectuelles « tardives » ont déjà été associées à un risque réduit de démence et à une réserve cognitive soutenue ou améliorée. La réserve cognitive étant la capacité du cerveau à improviser, s’adapter et à trouver d'autres moyens de réaliser une tâche pu parvenir à un objectif. La réserve cognitive peut donc contribuer aussi à compenser les changements associés à l’âge.
Le problème « de la poule ou de l’œuf » : la question posée par les chercheurs est en effet celle de l’impact d’un travail plus complexe qui va favoriser le maintien des capacités cognitives, ou celui de capacités cognitives plus importantes qui vont favoriser l’exercice d’une profession plus complexe. Pour répondre à la question, l’équipe a évalué plus de 1.000 hommes -anciens combattants mais à 80% sans expérience de combat-, participant à la cohorte Vietnam Era Twin Study of Aging. Ces participants, âgés de 50 à 60 ans avaient passé le test de qualification des forces armées à l’âge de 20 ans environ, ce qui apportait aux chercheurs une mesure de leur capacité cognitive générale à 20 ans. Puis les participants ont à nouveau été évalués, avec le même test, à la fin du milieu de la vie, et ont également passé des tests concernant 7 domaines cognitifs, tels que la mémoire, le raisonnement abstrait et la fluence verbale. L’analyse constate que :
- la capacité cognitive générale à 20 ans représente 40% de la variance de la même mesure à 62 ans et environ 10% de la variance dans chacun des 7 domaines cognitifs évalués ;
- l’éducation tout au long de la vie, la complexité de l’emploi et la participation à des activités intellectuelles ne représentent chacune que moins de 1% de la variance à l’âge moyen de 62 ans.
Quelles implications ? Ces résultats suggèrent que l'impact de l'éducation, de la complexité professionnelle et de l'engagement dans des activités cognitives a finalement peu d’impact sur la fonction cognitive plus tard dans la vie. C’est globalement la capacité intellectuelle des jeunes adultes qui détermine cette capacité cognitive à vie. En d’autres termes, l'éducation joue un rôle crucial, mais vraiment durant la fenêtre de développement aiguë du cerveau, c’est-à-dire au cours de l'enfance et de l'adolescence. Au début de l'âge adulte, l'effet de l'éducation sur les capacités cognitives globales semble se stabiliser, même si elle induit d'autres effets bénéfiques, tels que l'élargissement des connaissances et de l'expertise.
Ces résultats n’excluent pas de rester actif sur le plan cognitif plus tard dans la vie, pour maintenir ses réserves cognitives et réduire le risque de déclin.
Source: Proceedings of the National Academy of Sciences (In Press) via Eurekalert (AAAS) 21-Jan-2019 Youthful cognitive ability strongly predicts mental capacity later in life
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