Oui, l'exercice permet de lutter contre la dépression, confirme cette étude menée chez des adultes plus âgés. Si ce résultat n’est pas nouveau, les chercheurs de l'Université McMaster, en Ontario, au Canada, décryptent, dans l’American Journal of Physiology, comment l'activité physique favorise l'expression de certaines hormones et enzymes du « bien-être » par l’intermédiaire des sollicitations musculaires.
L’exercice est bénéfique à la santé musculaire, et simultanément via certaines modifications musculaires stimuler l'humeur et le bien-être. Ce double effet s’avère, en particulier, associé à l’augmentation de l'expression de certaines protéines (facteurs de transcription) qui contribuent à réguler l'expression des gènes et le métabolisme du tryptophane dans l'organisme, montre cette étude en substance.
Le tryptophane est un produit chimique bénéfique à l'humeur, étroitement lié à la sérotonine, une hormone qui influe également sur l'humeur. Ainsi, de nombreuses personnes dépressives présentent de faibles taux de sérotonine dans le sang. Le métabolisme du tryptophane s'effectue presque entièrement par la voie de la kynurénine, une « voie métabolique » à deux branches : une voie neuroprotectrice qui protège le tissu cérébral et une voie neurotoxique qui peut causer des dommages.
La « branche » neuroprotectrice de la voie de la kynurénine a besoin, pour bien fonctionner, d’une enzyme appelée KAT. Il a été démontré que les exercices d'aérobie et de résistance augmentent l'activité de l’enzyme KAT, favorisant ainsi le métabolisme du tryptophane via la branche neuroprotectrice (et non la branche neurotoxique). De précédentes recherches chez des adultes plus jeunes ont suggéré que les changements musculaires liés à l'activité physique pourraient jouer un rôle dans cet effet de l'exercice sur l'humeur. Cette étude fait le même constat chez les personnes âgées.
Une voie neuroprotectrice de la kynurénine plus active : Les chercheurs canadiens ont suivi un petit groupe d'hommes âgés en bonne santé sans antécédents de dépression. Les hommes, âgés de 65 ans et plus, ont été invités à suivre un programme d’exercices physique d’une durée de 12 semaines, chaque séance comportant un exercice de résistance et un entraînement intensif par intervalles sur un vélo stationnaire. L'équipe a prélevé des échantillons de sang et de muscles et examiné l'expression des gènes et des protéines dans les muscles avant, pendant et après la fin du programme. L’équipe constate que l'expression des facteurs de transcription et de la KAT augmente de manière significative avec l'exercice. Ces résultats sont donc cohérents avec ceux obtenus chez des adultes plus jeunes.
Cette augmentation significative de l'expression des facteurs de transcription du muscle squelettique et de la KAT chez les personnes âgées, avec la pratique de l’exercice, est encourageante en raison des implications potentielles liées à la régulation de la voie de la kynurénine.
De prochaines études vont préciser l’impact de différents types et intensités d’exercice sur la voie de la kynurénine qui se révèle donc, tout comme l’enzyme comme KAT, une cible prometteuse pour lutter contre la dépression.
Source: American Journal of Physiology–Cell Physiology Jan, 2019 DOI : 10.1152/ajpcell.00448.2018 Exercise training impacts skeletal muscle gene expression related to the kynurenine pathway
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