Cette équipe du Max Planck Institute for Human Cognitive and Brain Sciences rappelle, dans la revue Cerebral Cortex, que pour bien apprendre, il faut pratiquer, mais aussi savoir prendre des pauses : car durant ces pauses, ce qui a été appris se consolide dans le cerveau pour être mieux rappelé et exécuté plus tard. Et le nec plus ultra, c’est une stimulation du cortex durant ces pauses, qui va permettre d’optimiser encore ce processus de consolidation.
La capacité à acquérir de nouvelles compétences motrices est un préalable indispensable à la maîtrise des tâches quotidiennes de manière autonome et flexible. Nous effectuons automatiquement chaque jour de nombreuses tâches sans même y penser, pourtant ces compétences ont d'abord dû être acquises, par des pratiques répétées. L'apprentissage de nouvelles habiletés motrices a lieu à la fois par la mise en pratique active de nouveaux processus mais aussi pendant les pauses entre les sessions d'apprentissage. Ainsi, des pauses régulières, après la pratique, sont particulièrement importantes pour l’apprentissage moteur. C’est ce que démontre à nouveau cette équipe allemande de neurologues de l'Université de Leipzig et du du Max Planck Institute for Human Cognitive and Brain Sciences.
Le processus de consolidation commence lors de brèves interruptions de la pratique.
À quel moment exactement le cerveau se rappelle-t-il d'une nouvelle séquence motrice ? Jusqu’à récemment, on pensait que la stabilisation des processus moteurs appris ne commençait que lorsque l'exercice était terminé et que ce processus de consolidation pouvait durer plusieurs heures. Cependant, des travaux récents montrent que des pauses même courtes au sein de séances d’entraînement ou de pratique participent déjà au développement de cette capacité de rappel ultérieur.
Peut-on renforcer ces processus par stimulation cérébrale ? Les chercheurs ont invité leurs participants à taper une simple séquence de chiffres sur un clavier aussi rapidement et précisément que possible. Pendant la pratique, de courtes pauses étaient prises après un certain nombre d'essais et les participants recevaient une stimulation magnétique du cerveau pendant ces pauses. Les scientifiques se demandaient ce qui se passait dans le cerveau pendant les pauses : les participants étaient-ils déjà en train d'apprendre ? Leur hypothèse était que la stimulation magnétique du cortex moteur pendant les courtes pauses pourrait améliorer le rappel de la séquence de numéros appris. C’est bien ce que l’expérience confirme, lorsque 6 heures plus tard, les participants sont invités à rappeler la séquence de chiffres. Bien que les participants se soient arrêtés de pratiquer, le cerveau traite plus efficacement les séquences pratiquées s’il est stimulé pendant ces courtes pauses qui séparent les séquences de pratique.
Une trace mentale plus forte : les pauses elles-mêmes entre les séances d’apprentissage et la stimulation cérébrale durant ces pauses améliorent ainsi la trace mentale de l’apprentissage. Mais ce n’est pas tout : ici la stimulation du cerveau entraîne aussi un effet de transfert de la main entraînée à l’autre. Les participants se rappellent mieux la séquence avec la main entraînée mais également avec l'autre main !
Les implications valent pour toutes les formes d’apprentissage, chez les jeunes bien-sûr mais aussi pour chez les personnes âgées qui présentent souvent des troubles de consolidation après l’apprentissage moteur.
Source : Cerebral Cortex 2 August 2019 DOI : 10.1093/cercor/bhz145 Interleaving Motor Sequence Training With High-Frequency Repetitive Transcranial Magnetic Stimulation Facilitates Consolidation (Visuel MPI CBS / Jost-Julian Rumpf)
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